La contestation des actionnaires en AG est restée timide malgré la crise

L'environnement a beau changer, l'histoire se répète. On aurait pu croire que la chute de 50 % du CAC 40 en deux ans provoquerait une vague de contestations sans précédent chez les actionnaires. Finalement, comme le souligne une étude menée par l'agence Capitalcom et le cabinet d'avocats DLA Piper, « la crise n'a pas boosté les débats ». Au total, 47 résolutions présentées lors des assemblées générales de 34 groupes du CAC 40 « ont été fortement contestées ou rejetées [taux de rejet supérieur à 25 %] ». C'est certes presque deux fois plus que l'an dernier (24). Mais cela reste inférieur à 7 % de l'ensemble des thèmes inscrits à l'ordre du jour. L'auditoire a plus brillé par sa participation au sens large que par son activisme. D'un côté, le quorum est passé de 58,8 % à 62 % en l'espace d'un an. De l'autre. le nombre de propositions désapprouvées est passé de cinq à seulement neuf. Pour les experts, le constat est clair : « À l'évidence, il n'existe aucune corrélation vérifiable entre la chute des cours de Bourse et le taux de participation aux AG. » Seul le changement de typologie des thèmes abordés peut véritablement être imputable à la crise. Cette dernière a eu pour effet de davantage sensibiliser les votants à la question des résultats (25 % des interrogations contre 13 % l'an passé). Mais aussi d'inciter les dirigeants à se focaliser sur leur stratégie (30 % des allocutions contre 27 % en 2008). Principal point de convergence entre les deux parties : l'effervescence des débats sur la gouvernance d'entreprise. Tandis que les actionnaires y ont consacré 17 % de leurs questions (à comparer à 14 % précédemment), les grands patrons en ont parlé 30 % plus longtemps que l'an dernier. Et pour cause. La part des résolutions fortement discutées à cause de problèmes de gouvernance a doublé et représente la grande majorité des désapprobations (28 sur 47). Le sujet de la rémunération a nourri le feu des projecteurs. Cinq des neuf projets retoqués ont concerné des attributions d'actions gratuites ou de stock-options. Carrefour, Danone et Renault en ont fait les frais. Alors que, plus largement, dix-neuf résolutions affichant un taux de rejet supérieur à 25 % portent sur les salaires des dirigeants. Capitalcom et DLA Piper ont d'ailleurs noté « beaucoup de nouvelles têtes » parmi les organes de direction.dialogue en coulisseMais, globalement, tout continue encore de se jouer en coulisse. En l'occurrence, la préparation des résolutions est souvent réalisée en étroite collaboration avec les principaux actionnaires. Selon Caroline de La Marnierre, présidente de Capitalcom, « les groupes entament en amont un dialogue avec les fonds d'investissement afin d'éviter les votes sanctions ».Fabio Marquetty
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.