RATP, SNCF ? : une réforme des retraites en demi-teinte

La réforme des régimes spéciaux de retraite (RATP, SNCF, EDF, GDF) restera l'une des évolutions emblématiques du quinquennat, et l'un des faits d'arme de Xavier Bertrand. Le ministre du Travail d'alors, qui vient de quitter le gouvernement pour prendre la tête de l'UMP, avait gagné ses galons en trouvant un compromis avec les syndicats, fin 2007, après deux semaines d'un conflit social dur. Quelques mois après l'application, au 1er juillet 2008, de cette réforme, quel bilan peut-on en tirer?? Les services de l'ancien ministre mettent en avant le succès de l'allongement de la durée d'activité à la SNCF, depuis la suppression des mises à la retraite d'office (retraites couperet). « Sur les 7.200 agents ayant atteint leur date d'ouverture des droits (55 ans le plus souvent), l'entreprise avait initialement prévu que 5.200 cheminots partiraient en retraite, sous l'effet de la réforme. Or, seuls 4.400 agents ont décidé de partir. Cela signifie que 40 % des cheminots ont choisi de prolonger leur activit頻, expliquait-on, jeudi, au ministère du Travail, se félicitant bien sûr de ce résultatsubvention d'équilibre La question des économies réalisées à terme grâce à la réforme reste plus délicate. L'équipe de Xavier Bertrand estime qu'elle dégagera 500 millions d'euros d'ici à 2012, puis, à compter de 2015, 500 millions d'euros chaque année. « 500 millions d'euros, c'est 5 % du total des dépenses annuelles des régimes spéciaux », résume-t-on dans l'entourage de l'ancien ministre. Mais toute la question est celle de la subvention d'équilibre que verse l'État aux régimes de la SNCF et de la RATP, pour compenser le déséquilibre démographique de ces régimes?: la RATP compte autant d'actifs que de pensionnés et la SNCF compte près de 2 pensionnés pour 1 actif. Or l'économie réalisée sur cette subvention sera bien faible. Le gouvernement a ainsi projeté que grâce à la réforme, la subvention versée par l'État à la SNCF atteindra 2,8 milliards d'euros en 2020 (contre 3 milliards prévus sans évolution des régimes spéciaux) et 2,6 milliards en 2030 (contre 2,9 milliards prévus). Pour le régime de la RATP, l'État devrait verser 650 millions d'euros de subvention en 2020 (contre 700 millions s'il n'y avait pas eu de réforme) et 710 millions d'euros en 2030 (contre 820 millions initialement).Les spécialistes hésitent toutefois à saluer l'aspect économique de cette réforme. « Les économies sur les régimes spéciaux sont très difficiles à chiffrer, car les agents de ces régimes se sont vu accorder des compensations. Toutes ces évaluations restent à vérifier », estime le sénateur (UMP) Dominique Leclerc, spécialiste des questions de retraite. L'an dernier, lors du bouclage de la réforme, la SNCF avait chiffré son coût à quelque 80 millions d'euros par an en régime de croisière, en raison de mesures d'accompagnement salarial, et la RATP à 20 millions d'euros par an. Dans l'entourage de Xavier Bertrand, on estime qu'à la SNCF, ce montant atteindrait plutôt 100 millions d'euros, en raison de la suppression des clauses couperet qui empêchaient les seniors de rester dans l'entreprise. Leur départ aurait permis quelques économies, puisqu'ils sont remplacés par des agents moins bien payés.
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