Protectionnisme menaçant

L'émergence de gigantesques excédents d'épargne a joué un rôle prépondérant dans l'équilibre économique mondial au cours des dix dernières années. Les pays excédentaires ont accumulé plus de 2.000 milliards de dollars au cours de l'année 2008. Les premiers d'entre eux sont les pays exportateurs de pétrole, qui affichent un excédent record de 813 milliards de dollars. La Chine suit avec 399 milliards de dollars (5,8 % du PIB), puis l'Allemagne avec 279 milliards de dollars (8,4 % du PIB) et le Japon avec 194 milliards de dollars. Ces pays ont généré 83 % des excédents mondiaux, portés par des balances commerciales incroyablement excédentaires. Sur une longue période, un tel schéma ne peut durer?: il est impossible que certains pays puissent dépenser moins que leurs revenus alors que d'autres dépensent plus. Les vendeurs ont besoin des acheteurs. Sans ces derniers, les excédents des grands pays exportateurs fonderont comme neige au soleil. En 2008, les grands États déficitaires sont les États-Unis (699 milliards de dollars, soit 6 % du PIB), l'Espagne (133 milliards de dollars, soit 6,7 % du PIB), le Royaume-Uni (156 milliards de dollars, soit 7,4 % du PIB), la France (71,5 milliards de dollars, soit 1,1 % du PIB), l'Italie (11,5 milliards de dollars, soit 0,7 % du PIB) et l'Australie (8,9 milliards de dollars, soit 1,4 % du PIB). Ces six pays devraient concentrer près de 70 % des déficits mondiaux. Grâce à l'Allemagne, la zone euro arrive à équilibrer son besoin d'épargne qui reste marginalement déficitaire avec 66 milliards de dollars. Si la baisse des prix de l'énergie et des matières premières devait calmer les excédents accumulés par les pays exportateurs de pétrole, la question des pays producteurs de biens comme la Chine resterait entière. Pour que l'économie mondiale redémarre sur des bases saines et durables, il est impératif que les pays excédentaires solvables augmentent significativement leur demande intérieure par rapport à leur production potentielle. C'est la seule solution pour que les pays déficitaires redeviennent solvables en évitant une banqueroute généralisée. Or les pays fortement excédentaires n'en prennent pas le chemin?: comme la Chine, l'Allemagne ou le Japon ont laissé s'effondrer leur demande intérieure, en exportant leur chômage tout au long des dernières années. Si de tels ajustements ne se réalisent pas, il est à craindre que les pays déficitaires ne finissent pas par avoir en retour un comportemwent débouchant vers le protectionniste.
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