Le Crédit Foncier n'est

Dans la polémique sur la solidité du Crédit Foncier, « rira bien qui rira le dernier », assurait récemment à « La Tribune » un dirigeant des Caisses d'Épargne. De fait, le cas de cette filiale de l'Écureuil, longtemps suspectée par les Banques Populaires d'être une bombe à retardement dans le projet de fusion des deux groupes mutualistes, fait aujourd'hui figure de pétard mouillé. « Ce n'est plus un point de blocage », confirment plusieurs sources concordantes. Selon nos informations, la commission bancaire a transmis jeudi dernier des conclusions « rassurantes » sur le bilan du Foncier aux dirigeants des deux camps, qui se réunissent aujourd'hui en vue d'acter la fusion.solides garantiesL'inquiétude des « Bleus » portait avant tout sur 16 milliards d'euros de produits structurés liés au crédit à l'habitat (« residential mortgage-backed securities », RMBS), dont 6 milliards sur le marché espagnol, très fragilisé. Des portefeuilles sur lesquels le régulateur a déjà rendu un avis favorable en octobre 2008. À en croire une source proche, ces portefeuilles incorporent de solides garanties financières : il faudrait une chute de 40 % du marché immobilier espagnol pour qu'ils commencent à produire des pertes, et de 60 % pour que ces pertes atteignent un milliard d'euros.Les Bleus s'inquiétaient aussi du modèle de financement du Foncier, qui s'appuie sur les marchés. Or la filiale de l'Écureuil assure pouvoir mobiliser 40 milliards d'euros de liquidité à travers la Compagnie de financement foncier, dont les obligations gagées sur des prêts à l'habitat ou aux collectivités locales bénéficient de la note maximale (triple A). Il accède donc à des ressources longues à un coût avantageux, sa dernière émission à dix ans s'étant soldée par une marge d'intérêt de 120 points de base. Un « spread » auquel aucune banque commerciale ne peut aujourd'hui prétendre.Si la controverse semble close sur la valeur de cet actif, récemment valorisé à 2,3 milliards d'euros dans le cadre du rachat par l'Écureuil des parts détenues par Nexity, les discussions se poursuivent sur l'opportunité de l'inclure dans le périmètre de la fusion. « Nous préférerions qu'il y soit, car il participe de l'approvisionnement du groupe en liquidités », explique un Écureuil. Il pourrait toutefois être apporté au nouvel ensemble lorsque l'horizon financier sera plus dégagé. Un scénario qui rééquilibrerait les apports des deux groupes, éloignant la perspective d'une compensation financière, dont le patron des Bleus, Philippe Dupont, a selon nos informations assuré à ses troupes qu'il n'en était « plus question ». Reste que l'Élysée et la Banque de France, partisans d'une fusion la plus complète possible sans plus attendre, ne le voient pas forcément de cet ?il-là. Benjamin Jullien
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