Le marché primaire du crédit reste très actif

Ceux qui, dans le sillage de la chute de Lehman Brothers, craignaient une fermeture du marché primaire de la dette doivent maintenant être rassurés. Non seulement les entreprises ont toujours accès au marché du crédit, en particulier en euros, mais en plus le flux d'émissions n'a jamais été aussi soutenu. Après un mois de janvier record ? près de 50 milliards d'euros d'obligations ont été placés par les entreprises non financières ?, les émetteurs gardent le rythme. On est loin de l'indigestion redoutée ! Et pour cause : les investisseurs ont beaucoup d'argent à investir et, compte tenu des primes offertes à l'occasion des nouvelles opérations, le crédit (du moins les noms les mieux notés) reste de loin la classe d'actifs la plus attrayante pour placer ses fonds, au moins dans une optique « buy and hold ».Autre signe de la résistance du marché : les entreprises parviennent à émettre de la dette même les jours les plus difficiles. Mardi, alors que l'ensemble des marchés d'actions dévissait, Tesco a placé 1,5 milliard de livres sterling et 600 millions d'euros de dette auprès des investisseurs et Total a lancé un emprunt obligataire de 1 milliard d'euros à 5 ans. En outre, ce dernier a été offert à 87 points de base de plus que les taux swaps, contre 145 points de base pour la précédente émission de maturité équivalente en novembre 2008.La physionomie du marché primaire du crédit a néanmoins évolué. Depuis début octobre 2008, près de 70 % des nouvelles émissions obligataires en euros ont été émises par des entreprises au profil défensif, remarque Nick Burns, le stratégiste de Deutsche Bank. 50 % proviennent des seules « utilities » (entreprises de services aux collectivités) ou des sociétés opérant dans le secteur des télécoms. De la même façon, 80 % de la dette nouvellement émise est au moins notée simple A. Les entreprises plus cycliques ou moins bien notées ont toutefois un accès plus large au marché qu'à la fin de l'année dernière. plus cherLa part des émetteurs notés BBB ou moins était inférieure à 10?% en début d'année. Elle est désormais passée au-dessus de 20?%. Mais à rating égal, les entreprises des secteurs les plus sensibles à la conjoncture doivent payer plus cher pour placer leur dette. D'après l'étude de Deutsche Bank, sur la période considérée, un émetteur noté dans la catégorie simple A a offert un spread moyen (ici, l'écart de rémunération par rapport au taux swap de référence) de 273 points de base (1 point de base = 0,01 %) s'il avait un profil défensif? contre 348 points de base sinon.Quant à la prime de nouvelle émission ? autrement dit le rendement supplémentaire offert par rapport aux lignes existantes pour placer un nouvel emprunt ?, elle reste significative mais elle a tendance à se réduire (voir tableau). « Cela n'a rien de surprenant au regard de la forte demande pour les nouvelles émissions obligataires corporate. Il n'est pas rare de voir des opérations sursouscrites cinq fois », indique le stratégiste de Deutsche Bank.
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