Pékin tacle l'appétit chinois de Coca-Cola

Les autorités chinoises ont interdit hier à Coca-Cola d'acquérir le chinois Huiyuan Juice Group en raison de la position dominante qu'il aurait alors possédée sur le marché des boissons sucrées. Les deux groupes s'étaient entendus en septembre dernier sur un prix de 2,4 milliards de dollars, ce qui aurait fait de cette opération le plus important achat d'une entreprise chinoise par un groupe étranger.Le milieu des affaires surveillait ces négociations de près?: elles devaient en effet permettre de cerner l'état d'esprit des autorités chinoises sur l'application de la récente loi anti-monopole?: cette acquisition, entièrement amicale, intervenait quelques mois après que le fonds d'investissement américain Carlyle Group avait dû renoncer à acheter le fabricant d'équipement de construction Xugong pour 375 millions de dollars.feu vert des autoritésCette poussée de nationalisme économique de Pékin peut surprendre, au moment où le régime chinois est confronté à une baisse des investissements directs étrangers depuis cinq mois consécutifs ? ils ont encore reculé de 15,8 % sur un an en février. Désireux d'enrayer ce déclin, le gouvernement a annoncé en début de semaine un tournant dans sa politique?: à partir du 1er mai, les investissements étrangers inférieurs à 100 millions de dollars ne nécessiteront plus le feu vert des autorités centrales. Les autorités locales pourront donc les approuver directement. Pékin ne se laisse désormais le droit d'intervenir que sur les montants supérieurs à 100 millions de dollars et sur les opérations concernant des entreprises originaires de pays sans relation diplomatique avec la Chine. Du coup, 85 % des investissements étrangers réalisés en Chine seront directement contrôlés par les administrations locales. Or, les provinces et les municipalités ont l'habitude d'accepter tous les financements de ce type, car ils créent de l'emploi et augmentent leurs propres recettes fiscales, deux éléments majeurs dans la notation des responsables provinciaux par le pouvoir central. La Chambre de commerce européenne en Chine s'est d'ailleurs félicitée de cette décision. Selon sa porte-parole, l'organisme « espère voir l'introduction d'autres mesures de ce type, afin d'aider à construire en Chine un terrain de jeu égal dans tous les secteurs commerciaux », pour l'ensemble des acteurs.Mais cette nouvelle orientation des autorités chinoises ne va pas nécessairement rassurer les entrepreneurs étrangers?: non seulement le message de Pékin est brouillé par le veto mis à l'opération de Coca-Cola, mais il constitue un énième changement de politique à l'égard des investisseurs étrangers, alors que ceux-ci sont surtout attachés à la recherche de stabilité sur le long terme. n
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