La récession va provoquer des pertes d'emplois historiques

Récession ! Cette fois, le mot est lâché. Dans un environnement international dégradé, et qui devrait continuer à l'être au cours des prochains mois dans le sillage de la crise financière et de la chute des économies occidentales, la France est bel et bien entrée en récession, admet enfin l'Insee, qui publie aujourd'hui une note de conjoncture semestrielle. Jusqu'ici, les experts avaient récusé le terme, malgré le passage dans le rouge de la plupart des indicateurs conjoncturels. Selon l'Insee, le PIB reculerait de 0,8 % au quatrième trimestre 2008 avant de s'inscrire en baisse de 0,4 % et de 0,1 % au premier et au deuxième trimestre 2009. Une contre-performance qui se soldera par un acquis de croissance négatif de 1,1 % à la fin juin. Concrètement, si la croissance était nulle au troisième et au quatrième trimestre 2009, l'activité reculerait de 1,1 % l'année prochaine. Malgré le plan de relance gouvernemental. Depuis 1950, la France n'a connu la récession qu'à deux reprises, en 1975 (? 1 %) et en 1993 (? 0,9 %).Du jamais-vuLa chute de l'activité s'explique simplement : tous les moteurs de l'économie sont en panne, à commencer par la consommation, atone (+ 0,4 % fin juin 2009) par rapport aux années précédentes (+ 2,5 % et + 0,9 % en 2007 et 2008), malgré le net repli de l'inflation. Grâce à la chute des cours des matières premières, notamment énergétiques, le taux d'inflation annuel s'élèvera à + 0,3 % en juin. Il avait atteint le niveau record de 3,6 % en juin dernier.Cette décélération de la hausse des prix évitera certes un effondrement du pouvoir d'achat (+ 0,7 % après + 1,1 %), mais ne stimulera pas la consommation, les ménages préférant jouer la prudence. La très nette dégradation du marché du travail explique cette forte propension à jouer les cigales plutôt que les fourmis. L'économie française aurait détruit 71.000 emplois en 2008. Et le pire est à venir, 169.000 postes devant disparaître au premier semestre 2009. Si l'on considère le seul secteur marchand (hors administration et associations subventionnées), l'économie perdrait 214.000 emplois au premier semestre 2009, et 361.000 sur un an (juin 2009 par rapport à juin 2008). Du jamais-vu depuis que les statistiques de l'emploi sont publiées !Résultat, le taux de chômage, qui s'élevait à 7,3 % au troisième trimestre, grimpera à 8 % en juin prochain. Cette détérioration du marché du travail s'explique essentiellement par les difficultés ponctuelles du bâtiment et celles, chroniques, de l'industrie, amplifiées par la crise financière et la chute de la demande domestique et étrangère.D'où un repli brutal des investissements (? 3,6 % après + 7,3 % en 2007 et + 1,8 % en 2008). Problème, cet attentisme risque d'annihiler les efforts gouvernementaux visant à inciter les entreprises à moderniser leur appareil de production : du coup, au commerce extérieur de devenir à terme un moteur à part entière de l'activité.Quid du second semestre ? Si l'Insee s'interdit tout pronostic chiffré, l'Institut estime probable un retour de la croissance à partir de juin. Une heureuse hypothèse validée à Bercy, « compte tenu des effets de la loi de modernisation de l'économie [+ 0,3 point de PIB], de l'impact du plan de relance français [+ 1 point] mais également de celui de nos principaux partenaires commerciaux, américains et européens [+ 0,5 point] », explique-t-on dans l'entourage de Christine Lagarde. Au regard de ce redressement attendu de la conjoncture, l'objectif de croissance du gouvernement, compris entre + 0,2 % et + 0,5 % en 2009 est-il atteignable ? Les calculs de l'Insee permettent d'en douter. Il faudrait une augmentation de 1,4 % de l'activité à la fois au troisième trimestre mais également au quatrième trimestre pour obtenir une croissance zéro sur l'année.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.