Son image ternie par une fin d'année très rude, BNP Paribas s'organise pour redorer au plus vite son blason. « La crise actuelle est une leçon d'humilité pour les banquiers », a reconnu hier Baudouin Prot, le directeur général du groupe bancaire, lors de la présentation de ses résultats annuels. Premier de la classe dans l'âme, la banque de la rue d'Antin veut faire oublier au plus vite ses piètres résultats du dernier trimestre 2008. Le groupe a en effet enregistré sur cette période une perte nette de 1,4 milliard d'euros. Son bénéfice net annuel, qui atteint 3 milliards d'euros, s'en trouve divisé par plus de 2,5 par rapport à 2007.L'origine de cette dégringolade est connue : à la suite de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers et de la dislocation des marchés en octobre, le pôle de banque de financement et d'investissement (CIB) de BNP Paribas a enregistré une perte de 2,1 milliards d'euros avant impôts au dernier trimestre. Dans le même temps, le coût du risque de la banque a été multiplié par 3,4, atteignant 2,6 milliards d'euros. Cette évolution place BNP Paribas derrière la Société Générale, la banque de La Défense ayant vu son coût du risque multiplié par 2,8 sur la même période. Les défauts de contreparties de marchés, auxquels CIB a dû faire face, comptent pour les deux tiers de cette flambée. Le reste est essentiellement imputable à la crise économique en Ukraine, où BNP Paribas contrôle la troisième banque nationale Ukrsibbank. La dégradation de la conjoncture aux États-Unis, où le groupe bancaire détient BancWest, et en Espagne, où est implanté son pôle de services financiers, a achevé de faire grimper le coût du risque de la banque.Sans présager de la tournure des négociations sur la reprise de Fortis (voir ci-dessous), Baudouin Prot estime donc que l'année 2009 « ne sera pas l'année des emplettes » mais celle de « la concentration sur la gestion de notre entreprise ». Tout en réaffirmant la justesse de son « modèle intégré et complet » (lire ci-dessous), BNP Paribas souhaite « faire un travail d'adaptation » au contexte actuel. L'heure est à la chasse aux coûts et à la prudence pour compenser le ralentissement mondial de l'activité et un coût du risque se maintenant à des niveaux élevés.filiales restructuréesLe pôle CIB réduira en particulier son activité sur les produits structurés complexes au profit des activités de flux. Parallèlement, sa restructuration devrait aboutir à une réduction de 5 % de ses coûts. Dans la même logique, les produits de gestion d'actifs seront simplifiés et le pôle banque de détail en France se concentrera sur le développement de revenus peu consommateurs de capital, comme les services bancaires ou les produits d'assurance. À l'étranger, le groupe restructurera ses filiales les plus fragiles, comme Ukrsibbank dont 10 % des agences seront fermées. BNP Paribas espère ainsi dégager suffisamment de revenus pour maintenir à moyen terme son ratio de fonds propres au-dessus de 7,5 %. volonté élyséennePour l'heure, le groupe bancaire se félicite de ce que cet indicateur de solidité atteigne 8,4 %, un niveau supérieur à ce qu'il avait anticipé. Dans cette situation, « j'espère que le sujet des fonds propres est un sujet qui est régl頻, a conclu BNP Paribas à l'adresse des marchés en attente depuis plusieurs mois d'une augmentation de capital. Il reste que ce niveau de solvabilité a été obtenu au prix de la participation de BNP Paribas aux deux tranches du plan de soutien français. Au total, l'État français détient 11,8 % des fonds propres du groupe bancaire. En échange de ce soutien, tout en s'en défendant, le groupe a respecté la volonté élyséenne de ne pas distribuer plus d'un tiers de son résultat aux actionnaires, ce qui correspond à un dividende d'un euro par action. Cette chute de 70 % par rapport à l'an passé est le tribu des actionnaires de la première banque française à la crise.

latribune.fr

04 Mars 2009, 1:31

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