Le reflux du yen soulage la Banque du Japon

La Banque du Japon n'a pas franchi le pas consistant à ramener son taux directeur à zéro, toute adepte de la ZIRP qu'elle soit, pour l'avoir pratiquée de 1999 à 2006, avec une courte interruption au tournant du siècle. À l'issue de son conseil, la banque centrale nippone a maintenu le loyer de l'argent à 0,1 %, après l'avoir abaissé le 18 décembre de vingt points de base. Et ce, en dépit d'une dégradation spectaculaire de l'économie japonaise, dont le PIB s'est contracté de 12,7 % en rythme annualisé au quatrième trimestre.La Banque du Japon a opté pour de nouvelles mesures d'assouplissement non conventionnel, ciblées sur les entreprises, en prolongeant son programme de rachat de billets de trésorerie, une initiative qu'avait lancée la Réserve fédérale américaine. Ces achats se poursuivront au-delà de l'exercice fiscal en cours qui s'achève le 31 mars. La BoJ a annoncé qu'elle allait commencer en mars à acheter jusqu'à 1.000 milliards de yens (8,5 milliards d'euros) d'obligations émises par les entreprises, afin de les aider à financer leurs investissements pénalisés par le blocage du marché du crédit. Les dispositions restent analogues à celles prises le mois dernier : pourront vendre des obligations à la BOJ les entreprises dont les notes, attribuées par les agences d'évaluation financière, sont égales ou supérieures à « A ». Les titres éligibles seront ceux dont la maturité est d'un an au plus, et le montant maximum alloué par entreprise sera de 50 milliards de yens. Les achats auront lieu une fois par mois, jusqu'au 30 septembre.La Banque du Japon s'en tient donc à son credo : il faut réduire les contraintes de financement des entreprises et non inonder aveuglément le marché de liquidités, pour tenter de sortir d'une situation économique que le gouverneur de la BoJ qualifie lui-même de très « sombre ». Les craintes de voir l'économie nippone s'enfoncer dans une récession plus grave encore que celles que traversent ses partenaires occidentaux pourraient priver le yen du rôle de valeur refuge qu'il partageait avec le dollar depuis août, faisant même un long moment la course en tête. Depuis son point haut de l'année, il y a un mois, à 87,15 dollars, le yen a déjà cédé près de 8 % de sa valeur, pour refluer hier jusqu'à 94,45.La fin du yen roi serait véritablement pain béni pour la banque centrale, dont on soupçonnait qu'elle interviendrait sur le marché des changes à la demande du ministère des Finances si le yen franchissait le seuil de 85 pour un dollar. Car une monnaie forte et qui se revalorise dans un contexte de détérioration historique du commerce extérieur nippon, seul point fort pérenne de l'économie de l'archipel, constitue la pire des calamités pour le Japon. Le quasi-doublement en un mois du coût de l'assurance contre le défaut de paiement du Japon, mesuré par le CDS (credit default swap), monté jusqu'à 120 points de base, pourrait durablement dissuader les investisseurs de s'engouffrer sur le yen. Isabelle Croizard
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