Ben Bernanke détient les clés de l'avenir du dollar

Il y a quelque chose de paradoxal dans le comportement des intervenants sur le dollar. Peu réactifs aux éléments franchement négatifs, tels le creusement du déficit budgétaire américain à plus de 1.000 milliards de dollars sur les six mois à la fin de juin ou à l'accumulation de réserves de changes pharaoniques par la Chine qui constituent une bombe à retardement, ils ripostent à toutes les bonnes nouvelles sur l'économie américaine en? vendant des billets verts.Ainsi, la semaine dernière, ont-ils fait subir au dollar sa plus piètre performance hebdomadaire depuis deux mois, à l'annonce des résultats étincelants de Goldman Sachs, JP Morgan Chase et ceux, meilleurs que prévu, de Citigroup et Bank of America. Mais la crainte d'une mise en faillite du grand vecteur du financement des PME américaines, le groupe de services financiers CIT, les a incité à le racheter. Après une pointe de l'euro à 1,4165 dollar, au plus haut depuis un mois, et du yen à 91,75, son meilleur cours depuis cinq mois, le billet vert est revenu en toute fin de semaine à respectivement 1,4030 et 94,20. Une question se pose : est-il bien raisonnable de faire baisser la monnaie d'un pays dont les prémices de sortie de crise se confirment jour après jour ? Gageons que le phénomène qui veut que le dollar monte lorsque l'aversion au risque est au sommet et qu'il reflue dès qu'elle se dilue ne sera pas durable. Les données économiques fondamentales finiront par reprendre leurs droits.audition mardiCar le dollar n'a pas à rougir des performances américaines comparées à celles de la zone euro dont la sortie de récession sera vraisemblablement plus tardive, ou du Japon confronté à une contraction de son PIB qui pourrait atteindre 14 % cette année. C'est la raison pour laquelle, en l'absence de statistiques économiques majeures sur les États-Unis cette semaine, c'est le patron de la Réserve fédérale américaine qui détient les clés de l'évolution à court terme de la monnaie. Ben Bernanke affrontera mardi sa traditionnelle audition semestrielle devant la commission bancaire de la Chambre des représentants et mercredi devant celle du Sénat, où il sera, comme à l'accoutumée, mitraillé de questions.Si l'on en croit le « Financial Times » de vendredi, Bernanke devrait saisir cette occasion pour expliquer la stratégie de sortie de crise qu'entend mener la Fed. Non pas « quand », mais « comment » mettre un terme à la politique dite d'assouplissement monétaire quantitatif qui a consisté dans un premier temps à inonder le marché de liquidités puis à racheter des actifs très diversifiés, dont 300 milliards de dollars de titres de la dette publique américaine, sans provoquer une vague inflationniste incontrôlable. Des conclusions concernant l'avenir des taux de la Fed, voisins de zéro depuis décembre, que tireront les marchés de cette prestation dépendront l'évolution du dollar, éclipsant au moins partiellement l'obsession de la saison des résultats.
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