Les impayés explosent en Espagne

Si les banques hispaniques ont mieux résisté que leurs collègues européennes à la tempête financière, elles n'en n'ont pas moins, elles aussi, leur talon d'Achille : les créances douteuses et impayées. Les derniers chiffres rendus publics vendredi par la Banque d'Espagne et relatifs au mois d'août reflètent une nouvelle hausse : elles représentent désormais au total 43.693 millions d'euros, soit 2,45 % du total du crédit. L'augmentation est donc de 0,3 point en un seul mois. Par rapport au pourcentage de 0,77 % d'il y a un an, le bond est spectaculaire !C'est là le chiffre le plus élevé depuis mai 2008. Certes, on est loin encore des niveaux supérieurs à 7 % atteints au lendemain de la dure récession de 1992-1993. Mais, davantage que les chiffres, ce sont les tendances qui préoccupent à Madrid : alors qu'en un an le volume total du crédit n'a augmenté que de 9,2 %, celui des créances douteuses et impayées a bondi, lui, de 247,7 % ! Sur un mois, le décalage est également significatif : si le crédit a stagné (+ o, o6 %) dans l'actuel contexte de paralysie du marché financier, les créances incertaines n'ont pas moins augmenté, elles, de 13,8 %.LES CAISSES D'EPARGNE (" CAJAS ") SONT LES PLUS TOUCHEESLes plus touchées sont les cajas, les fameuses caisses d'épargne, davantage exposées au marché de l'immobilier et aux aléas des garanties hypothécaires. Leur taux de crédits douteux et impayés atteint désormais 2,9 % du total du crédit, soit 3,7 fois plus que le 0,77 % d'il y a un an. Désormais, les cajas monopolisent 58,3 % des créances incertaines et des impayés alors qu'elles ne concentrent que 47,5 % du total du crédit.Certes, à Madrid, l'alarmisme n'est pas encore de mise. Les responsables du secteur font valoir que le niveau de provisionnement de risques des établissements financiers est élevé, d'autant que la Banque d'Espagne les a obligés à accumuler des provisions génériques, c'est-à-dire à caractère anticyclique et non liées à des risques concrets. Et les résultats bruts d'exploitation de la plupart d'entre eux sont encore suffisamment confortables pour pouvoir procéder à un provisionnement supplémentaire si nécessaire.Reste que la perspective d'une situation de quasi-récession, avec un taux de chômage qui s'annonce comme l'un des plus élevés de l'UE, assombrit le futur. Et d'aucuns se demandent si, dans un tel contexte, l'injection dans le système financier de liquidités pour 50 milliards d'euros annoncée par le gouvernement ne risque pas d'être davantage utilisée par les banques pour colmater leurs brèches que pour recommencer à prêter aux particuliers et aux PME !
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