La décrue inédite de l'inflation ouvre un boulevard aux banques centrales

L'ennemi public n° 1 un est devenu doux comme un agneau. Ou presque. L'inflation qui obsédait les banques centrales jusqu'au milieu de l'été, au point de conduire la BCE à durcir ses taux début juillet, s'est considérablement assagie. L'indice des prix britannique a reculé de 0,2 % en octobre, retombant en glissement annuel de 5,2 % à 4,5 % et a stagné dans la zone euro, pour revenir d'un point haut de 4 % à 3,2 %. Aux États-Unis, le « CPI » s'est même contracté de 1 %, sa plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée, mais s'élève encore à 3,7 % sur douze mois glissants, contre un point haut de 5,7 % en juillet. L'inflation a amorcé sa descente et pourrait bientôt atterrir, certains estiment même que ce sera en catastrophe, bien qu'elle reste encore au-dessus de la ligne rouge de 2 % maximum fixée par la BCE et la Banque d'Angleterre, qui correspond aussi à la zone de confort de la Fed américaine. Le « D word », pour déflation, qui avait disparu du langage des économistes depuis l'éclatement de la bulle technologique, est à nouveau sur toutes les lèvres.couper les taux à la hache La violente décrue des prix, conséquence de l'entrée en récession d'une partie de la planète, ouvre un boulevard aux banques centrales en matière de politique monétaire. En dépit des actions musclées déjà opérées, le nadir des taux semble encore loin. Les minutes de la Banque d'Angleterre publiées hier ont révélé que la décision de couper les taux à la hache de 150 points de base à 3 % au début du mois avait été prise à l'unanimité et que l'option de 200 points avait été envisagée. Les pronostics font état d'une nouvelle détente d'au moins un demi-point et plutôt d'un point entier à 2 % le 4 décembre prochain, au plus bas de l'histoire monétaire d'Albion. Le taux directeur de la Vieille Dame de Londres tomberait à 1,5 % dès le début de l'an prochain pour terminer sa course à 1 %. La Banque centrale européenne, qui réunit son conseil le même jour et était apparue un peu timorée début novembre, abaisserait sa garde de 75 points de base, une ampleur inédite en dix ans d'existence, ramenant son taux directeur à 2,5 %. Un demi-point supplémentaire serait dans les tuyaux mais, au-delà de 2 %, le plancher absolu, les économistes refusent de se mouiller. Reste la Fed, dont le taux directeur ne s'élève plus qu'à 1 %. Ses « sages » pourraient préférer au demi-point de baisse supplémentaire anticipé à l'issue de son conseil du 16 décembre, un assouplissement monétaire « quantitatif » à la japonaise, consistant à inonder l'économie de liquidités.Isabelle Croizard
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