Le dollar enfonce l'euro et la livre sterling

Le dollar salue généralement l'arrivée d'un nouveau locataire à la Maison-Blanche par une hausse, même si la lune de miel ne dure parfois que ce que durent les roses. La tradition n'a pas été bousculée hier, et les arbitrages se sont fait nettement en faveur du billet vert, qui profite des espoirs gigantesques suscités par l'investiture de Barack Obama comme 44e président des États-Unis.chouchousLe dollar s'est ainsi propulsé à son plus haut niveau depuis six semaines face à l'euro laminé par les perspectives de croissance calamiteuses faites lundi par la Commission européenne, et par la dégradation de la note souveraine de l'Espagne qui s'est vu retirer son prestigieux triple «A» par l'agence Standard and Poor's. Au plus haut dans les transactions, le dollar s'est hissé jusqu'à 1,2895 pour 1 euro, alors qu'en fin d'année dernière il s'était affaissé jusqu'à plus de 1,47. Si l'histoire d'amour du marché des changes avec Obama se prolonge, rien n'interdit de penser que le dollar puisse renouer avec son point haut récent atteint fin novembre à 1,2390 pour un euro, un plafond de trois ans. Surtout si les agences de notation continuent de massacrer les pays de la zone euro. Car après la Grèce la semaine dernière, l'Espagne lundi, la note de l'Irlande risque d'être aussi très prochainement dégradée. Des menaces pèsent également sur l'Italie, l'un des trois poids lourds de la zone.L'euro n'est pas seul à faire les frais du retour en grâce du billet vert après plusieurs semaines de tâtonnements. Et il y a pire victime. Le dollar a encore plus vigoureusement rebondi vis-à-vis de la livre sterling, l'enfonçant à un plancher de sept ans et demi, à moins de 1,40. Au plus bas dans les transactions, la monnaie de Sa Majesté ne valait plus que 1,3865 dollar, limitant néanmoins sa dérive face à la monnaie unique, pour refluer à 0,9325, alors qu'elle avait tutoyé la parité à l'avant-veille du Nouvel An. En revanche, le yen, qui fait aussi partie des chouchous du marché des changes, a pulvérisé un record de vigueur face au sterling, à 127,45. «?Liquidez toutes vos livres et ne placez pas un sou au Royaume-Uni », conseille Jim Rogers, le spéculateur toujours un peu excessif, qui avait fondé le Quantum Fund avec George Soros, fossoyeur de la livre sterling en 1992, qui sous ses coups de boutoir avait été évincée du mécanisme de change du SME. Les multiples lézardes qui gangrènent le système bancaire britannique, en dépit du double plan de sauvetage mis sur pied par le gouvernement de Londres, risquent de faire durablement de la livre l'épouvantail du marché des changes. Le divorce entre les deux ex-complices du marché des changes, qui ont longtemps marché main dans la main, sera consommé si le dollar continue de tirer la couverture à lui. En dépit des déboires économiques de l'Oncle Sam, le billet vert conserve l'aura de monnaie de réserve internationale qu'aucune monnaie n'est jamais parvenue à lui contester et de valeur refuge en temps de crise. n
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