L'affiche pèse lourd : un roman de Hugues Pagan (« l'Étage des morts »), ancien flic devenu un grand nom du roman policier français. Le retour après une longue absence de Gilles Béhat, réalisateur viril et brutal de « Rue Barbare » et « Urgence ». Et un casting en béton, avec le duo Gérard Depardieu-Olivier Marchal, entouré de seconds rôles finement ciselés. Tous ces talents viennent d'accoucher du premier grand film noir français de l'année 2009, « Diamant 13 », qui ressemble à un uppercut ou à un crochet au foie. Un voyage au bout de la nuit dont on sort remué. L'intrigue s'articule autour de deux flics gradés, au coude à coude dans la nuit du crime. Ils sont en fin de course, pour des raisons d'âge, de santé, et de carrière. L'un est propre, l'autre pas. Pris dans la nasse, le corrompu appelle son copain à l'aide. Et tout explose.Le film et le roman noirs, ce sont des codes avec lesquels on joue. Qu'on s'appelle Melville ou Corneau. Le genre repart bien en France depuis « 36 », réalisé par Olivier Marchal en 2004. Le film a fouetté l'imagination de tous ceux qui rêvent de héros malchanceux frappés par un destin tragique.mise en scène virtuoseAvec la présence commune de Marchal à l'écriture et à l'image, « Diamant 13 » apparaît comme un enfant de « 36 » et de « MR 73 », en plus opaque et plus désespéré encore. Dans la pénombre des voitures qui foncent vers les entrepôts de banlieue, impossible de distinguer Mat et Franck, les deux faces d'un même visage. Autour d'eux des femmes et des voyous de haut vol. Les femmes sont magiques et troublantes, journaliste, inspecteur, droguée ou grande patronne. Asia Argento, Aïssa Maïga, Catherine Marchal et Anne Coesens jouent les vestales qui aident, qui aiment ou qui déboussolent les cow-boys de la crim et des stups.Dire que Marchal et Depardieu sont bons est un euphémisme. On les suit dans leur chemin de croix, bluffé par une mise en scène virtuose et violente dont Béhat a le secret. Rien que pour eux, il faut voir « Diamant 13 ». Michel Pascal

latribune.fr

02 Févr 2009, 1:33

Partager :