Le dollar, ultime

2La montée en puissance de l'aversion au risque, que la chute des indices boursiers contribue à alimenter, a brutalement sorti le dollar d'un cycle de six ans de descente aux enfers. Valeur refuge reine en temps de crise, la monnaie américaine a vigoureusement rebondi. Son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis a regagné 23 % de sa valeur depuis son plancher historique de mars 2008. Vis-à-vis de l'euro, le dollar a reconquis jusqu'à 30 % de sa valeur depuis qu'il a enfoncé un plancher absolu le 15 juillet dernier, à 1,6038, tandis qu'il rebondissait de 47 % par rapport à la livre sterling.Toutefois la corrélation entre indices boursiers et comportement du dollar est très variable dans le temps. Elle fonctionne depuis l'été dernier en raison du débouclage précipité des positions à effets de levier, qui avaient fait les beaux jours des adeptes du « carry trade », la stratégie spéculative consistant à jouer sur les écarts de rendements. Car le rebond du dollar a aussi été favorisé par l'explosion de la bulle sur les matières premières, notamment le pétrole avec lequel le dollar entretenait une corrélation inverse extrêmement étroite. Le billet vert a également profité de l'aggravation de la crise bancaire à l'automne dernier, qui a provoqué une ruée vers les liquidités libellées en dollars, notamment les titres de la dette publique américaine, marché le plus liquide au monde disposant de la garantie de l'État. Au point de créer une situation de quasi-pénurie de dollars.La seule monnaie identifiée dans l'histoire récente comme ayant un lien inverse fort avec l'évolution de la Bourse n'est autre que le yen. Car le Japon est un énorme pourvoyeur de capitaux à l'échelle internationale. Lorsque la demande mondiale de yens s'accroît, entraînant son appréciation, les sorties de capitaux hors de l'archipel s'amenuisent, provoquant un tarissement de la liquidité mondiale. contraction inéditeQuand le yen monte, les marchés boursiers peuvent ? ou pouvaient ? se faire du souci. Car cette corrélation inverse s'est interrompue fin janvier, lorsque le Japon a annoncé une contraction inédite de 35 % de son excédent commercial, seul moteur de son économie. Le yen a alors cessé de se revaloriser avec et même plus vite que le dollar, laissant le champ libre à un rebond encore plus robuste du billet vert. Isabelle Croizard© crédits photo
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