Les Européens

Un minisommet réunira ce dimanche, à Berlin, les membres européens du G20 (*) à l'invitation d'Angela Merkel. L'objectif est de rapprocher les positions sur la régulation financière internationale à un mois de la réunion plénière du G20, le 2 avril à Londres. La précédente réunion, le 15 novembre à Washington, avait tracé une feuille de route sans décision spectaculaire. Les Européens souhaitent cette fois-ci peser de tout leur poids, d'autant que Barack Obama se montre beaucoup plus audacieux en faveur d'une régulation que son prédécesseur George Bush. Seulement voilà. Régulation ne se conjugue pas de la même façon dans les langues européennes. Paris et Berlin souhaiteraient des règles contraignantes, quand Londres se contenterait d'un simple code de conduite. On comprend le souci de Gordon Brown qui veut préserver la compétitivité de la place financière de la City. Sauf que, s'il souhaite que le G20 de Londres soit couronné de succès, il devrait lâcher du lest, glisse-t-on à Paris. transparenceLe Premier ministre britannique avait toutefois déclaré, jeudi dernier à Rome, que « les régulateurs nationaux sont insuffisants quand désormais les flux financiers sont mondiaux », indiquant être favorable à la régulation « des secteurs financiers sous-régulés, notamment pour plus de transparence de la part des hedge funds », ces fonds alternatifs. À Berlin, on estime d'ailleurs qu'il faudra discuter dimanche pour savoir quelle autorité doit surveiller les hedge funds. Français et Allemands sont aussi d'accord pour donner un rôle fort au Fonds monétaire international dans le nouveau système de régulation. Berlin affiche toutefois sa différence avec Paris sur quelques points. Prenant le contre-pied des projets français considérés comme protectionnistes, les Allemands espèrent parvenir dimanche à un accord sur la définition de « critères pour l'octroi d'aides d'État afin d'éviter leurs distorsions à la concurrence ». Autre cheval de bataille allemand : se mettre d'accord au niveau européen pour « la sortie de crise » des finances publiques, en obtenant un engagement des pays sur une politique d'assainissement de leurs comptes publics.Au cours d'un déjeuner séparé, dimanche, les ministres des Finances également invités doivent se pencher sur la situation des banques en Europe centrale et orientale et considérer comment les pays concernés peuvent être aidés, via notamment la Banque européenne de reconstruction. Le thème des agences de notation sera évoqué : selon un responsable allemand, l'Union européenne devrait adopter d'ici au mois d'avril un décret pour instituer l'enregistrement des agences de notation. En verve, le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, veut « abroger les nouvelles règles comptables qui semblent inventées par Ben Laden pour détruire le capitalisme [?] pour revenir aux vieilles et glorieuses règles comptables du capitalisme ». Pour mettre un peu d'ordre dans leurs multiples revendications, les États membres de l'Union auront, après la réunion de Berlin, deux occasions de se retrouver en Conseil européen, les 1er et 19 mars, pour accorder leurs violons avant le G20 de Londres.(*) Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pays-Bas, République tchèque (présidence de l'UE), Commission européenne, Eurogroupe, BCE. n Paris et Berlin souhaiteraient des règles contraignantes.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.