SFR fait le pari de l'Inde pour son informatique

C'est la première fois qu'un acteur indien de l'informatique remporte en France une partie aussi conséquente d'un grand appel d'offres. Selon nos informations, SFR vient d'attribuer au numéro trois indien du secteur, Wipro, deux des quatre lots mis en jeu lors de la deuxième phase de son appel d'offres pour la maintenance et le développement de son informatique interne.Baptisé Verdi, cet appel d'offres a été organisé en deux phases. Grands vainqueurs l'an dernier de la première tranche, Verdi 1, les sociétés Accenture et Sopra n'ont cette fois-ci pas été retenues. Wipro, qui avait gagné un lot sur la première phase, est le seul acteur à avoir également été sélectionné sur la seconde, Verdi 2, en doublant la mise. Les deux lots (vente et souscription-activation) remportés par le groupe représentent entre 30 et 40 millions d'euros de chiffre d'affaires sur quatre ans. Sur ce périmètre, Wipro travaillera en partenariat avec Logica, qui sera son sous-traitant, le groupe indien ayant remporté les contrats « en prime ». Les deux autres lots ? back-office et relation clients ? qui représentent plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, ont été remportés par Atos Origin, absent de la liste des vainqueurs du premier appel d'offres.refonte de l'organisationSur Verdi 2, les pressions sur les prix ont été « énormes », indique une source proche du dossier. « SFR voulait baisser ses coûts de 40 % à un horizon de quatre ans, soit 10 % par an. Dans un modèle traditionnel passant de l'inshore à l'offshore, on est plutôt autour de à 20 % à 25 % d'économies », poursuit-elle. Pour réaliser ce niveau d'économies, l'exécution de ces contrats implique des délocalisations conséquentes, avec environ 30 % du travail, en termes de jour-homme, réalisé en France, et 70 % en Inde, ou dans d'autres pays à bas coûts, estiment deux sources proches du dossier. Outre l'effet crise, ce niveau élevé d'économies s'explique par la refonte radicale de l'organisation de son informatique engagée par SFR. L'opérateur a procédé à une importante « massification » en réduisant drastiquement le nombre de ses fournisseurs et en consolidant ses applications pour trouver des gains de productivité.Les grands contrats d'externalisation remportés par les principaux acteurs occidentaux ? IBM, HP, Accenture, Capgemini? ? comportent désormais des parties réalisées en offshore. Mais les acteurs indiens, au premier rang desquels Tata Consultancy Services ou Infosys (candidat sur Verdi 2), n'ont pas effectué de percée aussi notable en France jusqu'à présent. Le succès de Wipro, qui avait déjà remporté une petite partie du mégacontrat Michelin, « confirme la pertinence de sa stratégie sur le marché français, où il a été un des seuls à avoir eu une approche très localisée, avec un patron France, et une politique de recrutement ambitieuse », estime Frédéric Giron, directeur des études et spécialiste de l'offshore chez Pierre Audoin Consultants.tendance modesteLa tendance des industriels français à confier une partie de leur informatique à des acteurs indiens est restée jusqu'à présent relativement modeste. Leurs homologues américains ou britanniques sont sur ce sujet plus hardis, conséquence notamment de leur proximité culturelle et linguistique avec le sous-continent indien. En 2008, selon Pierre Audoin Consultants, l'ensemble des prestations de services informatiques réalisées en Inde pour le marché français a représenté 350 millions d'euros, soit 1,5 % du marché. n
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