Des taux d'intérêt ahurissants pour les industriels

Sur le fameux marché des CDS (credit default swap), où on peut s'assurer contre le risque de défaut d'un émetteur, la prime pour se couvrir contre le risque du constructeur automobile BMW est de 3 % l'an (voir graphique). Du jamais-vu ! Sur le marché obligataire lui-même, on trouve une obligation de BMW à 2 ans et demi qui rapporte plus de 7 % l'an. Mais il y a encore plus étonnant ! Une obligation de Fiat à 3 ans rapporte plus de 14 % l'an. Pourtant, Fiat est un des groupes européens les mieux gérés. En quelques années, il a renouvelé sa gamme, rationalisé ses usines et ses réseaux commerciaux et s'est largement désendetté. Même dans une mauvaise conjoncture, Fiat a de bons atouts. Mais nous sommes à un moment de tension extrême pour le financement des grandes entreprises et il n'y a plus de hiérarchie dans le crédit. Si de bons émetteurs industriels paient de tels taux pour des emprunts relativement courts, combien devrait payer une PME ou un ménage ? Les taux vont-ils monter à 14 % et plus pour le crédit aux particuliers ? Non. À notre avis, cette situation est une anomalie de marché. Elle vient probablement de ce que de grands investisseurs, les hedge funds, sont pris à la gorge et doivent liquider des obligations pour trouver de l'argent. C'est donc une situation temporaire. Bientôt, les investisseurs seront à nouveau attirés par le rendement de ces obligations. Les banques, qui sont en train de retrouver peu à peu leur liquidité grâce aux financements de la BCE et aux recapitalisations volontaires ou forcées, vont s'apercevoir qu'elles peuvent faire une belle marge en prêtant aux industriels. De leur côté, les industriels vont réduire les investissements pour éviter d'emprunter à des taux si élevés (ce qui ne sera pas sans douleur pour le reste de l'économie). Les taux des industriels devraient rebaisser. Certes, on ne retrouvera jamais les spreads absurdement bas qu'il y avait avant juillet 2007, quand la prime de risque sur BMW n'était que de 0,10 % l'an (voir graphique), mais on devrait revenir à des niveaux plus raisonnables. Le balancier du crédit est allé trop loin dans l'autre sens. On trouve de bonnes affaires sur certaines obligations de grandes entreprises industrielles européennes.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.