Les caisses régionales reprennent le pouvoir au sein de l'Écureuil

La perte de 600 millions d'euros sur les marchés aura été le faux pas de trop. Dimanche, les Caisses d'Épargne ont poussé, comme un seul homme, à la démission les deux dirigeants qui avaient mené tambours battants ces dix dernières années la transformation de l'Écureuil, gardien traditionnel de l'épargne populaire, en groupe bancaire diversifié prêt à en découdre avec la concurrence. Jusqu'ici, l'esprit de corps l'emportait sur la frustration des dirigeants de caisses régionales de se voir imposer une stratégie concoctée par Charles Milhaud et Nicolas Mérindol, les deux pilotes de la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE), l'organe central du groupe. Mais les déclarations de Nicolas Sarkozy en faveur de sanctions des dirigeants ont sonné le glas de ce soutien de façade.Signal fort de leur volonté de tourner la page, leurs représentants ont à l'unanimité nommé deux des leurs pour remplacer Charles Milhaud et Nicolas Mérindol à la tête de leur groupe. De manière toute symbolique, le nouveau duo est issu des deux caisses les plus puissantes du groupe (voir ci-contre) : la Caisse d'Épargne Ile-de-France, premier réseau régional de l'Écureuil, et la caisse de Provence-Alpes-Côte d'Azur qui génèrent à elles deux 26 % du résultat net du groupe (au 31 décembre 2007). " Nous montrons ainsi que nous nous prenons en charge dans le respect de notre statut coopératif décentralisé ", résume un patron de caisse.Bruno Aguirre, secrétaire général Force ouvrière de l'écureuil, est plus explicite : " Charles Milhaud avait mis en place un fonctionnement vertical du pouvoir, contraire à notre statut coopératif. Le groupe s'est trop éloigné de ses missions de protection de l'épargne populaire. Il faut rassurer les épargnants ", explique-t-il." TOUTES LES OPTIONS SONT OUVERTES "Plus que jamais l'Écureuil doit soigner ses clients apeurés par ses difficultés financières. Une caisse a ainsi enregistré dans les quinze premiers jours du mois d'octobre, plus de 50 millions d'euros de retrait en espèces. Ce retour aux sources ne sera pas sans impact sur la stratégie du groupe. " Le départ des anciens dirigeants va de pair avec une remise en cause de leur stratégie. Toutes les options sont ouvertes ", souligne Serge Huber, représentant des salariés au conseil de surveillance de la CNCE. En revanche le projet de fusion avec les Banques Populaires n'est pas remis en cause. Au contraire, " Bernard Comolet et Alain Lemaire ont implicitement été nommés pour mener cette fusion à bien ", observe Serge Huber. Hommes de terrain, moins politiques que leurs prédécesseurs, ils pourraient même accélérer ce mariage voulu par l'Élysée. Pour l'instant, il est prévu de finaliser l'organisation du nouvel ensemble fin décembre pour que les modifications législatives nécessaires interviennent au début de l'année prochaine. Au printemps, le mariage effectif des deux groupes mutualistes permettrait de tourner définitivement la page de Charles Milhaud et de Nicolas Mérindol.
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