Berlin table sur une contraction de 2,25 % du PIB

Romaric Godinà FrancfortRien ne semble devoir entamer l'optimisme du gouvernement allemand. Certes, le ministre de l'Économie, Michael Glos, a dû hier remettre les pendules des prévisions officielles de « croissance » à l'heure en visant désormais une contraction du PIB de 2,25 % contre une légère hausse de 0,2 % attendue jusqu'ici. Certes, il a reconnu que « l'Allemagne se trouve dans une récession profonde ». Mais Michael Glos s'est néanmoins voulu rassurant, en ajoutant que « cette moyenne est une image insuffisante de l'évolution économique en cours d'année ». Car, pour lui, la croissance pourrait revenir dès le deuxième trimestre. L'amélioration pourrait se poursuivre au cours du deuxième semestre. En 2010, le gouvernement fédéral compte sur une reprise de la croissance mondiale et donc le retour du traditionnel moteur de l'économie outre-Rhin. Berlin donnera une première estimation de la croissance de l'an prochain en avril. Si nombre d'économistes jugent les attentes gouvernementales encore trop optimistes, il est certain que 2009 sera la pire année de l'histoire économique allemande depuis soixante ans. Face à l'effondrement des exportations (? 8,9 % prévus) et des investissements (? 11,9 %), la consommation des ménages sera la seule digue à résister avec une hausse de 0,8 %. Le nombre de demandeurs d'emploi devrait pourtant remonter d'un demi-million à 3,5 millions. Michael Glos a donc appelé à l'adoption rapide du deuxième plan de relance fédéral de 50 milliards d'euros qui comprend notamment des baisses de charges et d'impôts, pour empêcher que cette digue ne cède à son tour.Pourtant, ce plan fait l'objet de vives critiques, notamment par les libéraux du FDP. Leur président, Guido Westerwelle, a demandé dès la semaine passée une « amélioration du plan », notamment avec des baisses d'impôts renforcées et une réduction du train de vie de l'État. La stratégie critique du FDP a porté ses fruits. À l'occasion d'élections régionales, les libéraux ont atteint dimanche en Hesse un score historique de 16,2 %, près de 6 points de plus qu'en 2008. Dans les sondages nationaux, ils sont désormais clairement en troisième position à 14 %, 10 points seulement derrière les sociaux-démocrates du SPD.Rien d'étonnant à cela : une enquête publiée hier par « Stern » dévoilait que 69 % des Allemands ne croyaient pas aux effets positifs du plan gouvernemental. Le FDP a même menacé de bloquer le vote du texte au Bundesrat, la Chambre basse du Parlement, dont l'accord est indispensable. Cette menace est certes devenue caduque depuis que, hier, du fait du ralliement des Verts, le projet a retrouvé une majorité absolue au Bundesrat. Mais pour Angela Merkel, la rébellion du FDP est un vrai casse-tête politique, car elle souhaite gouverner avec les libéraux après les élections générales de septembre prochain. Elle doit donc les ménager, d'autant que si leurs récents succès les rendent plus exigeants et gourmands, ils sont également plus indispensables que jamais. La position de la chancelière est néanmoins difficile, car elle ne peut céder au FDP sans provoquer l'ire de ses actuels partenaires sociaux-démocrates. D'autant que, ceux-ci, irrités par la progression libérale, ont commencé à critiquer le comportement du parti d'Angela Merkel dans les négociations sur le plan de relance. Bref, la lutte contre la récession est revenue au centre de la stratégie politique allemande. n 2009 sera la pire année de l'histoire économique allemande depuis soixante ans.
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