Prise de bec entre Madrid et la banque centrale espagnole

Le torchon brûle entre le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, et le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernández Ordoñez. Les prises de position du deuxième, généralement proches de celles du patronat, irritent sérieusement le premier. Dernière escarmouche en date, sur l'avenir du système public des retraites. Selon le gouverneur, le danger serait imminent, et la caisse pourrait perdre dès cette année le confortable excédent qu'elle enregistre depuis 2000. D'où la nécessité, pour la banque centrale, de procéder à des réformes urgentes : accroissement de la durée de la vie professionnelle (l'âge moyen effectif de la retraite, de 63,7 ans, est pourtant en Espagne supérieur à la moyenne de l'UE), et limitation des possibilités de retraite anticipée. Réactions de Zapatero, selon « El País » : les opinions de la Banque d'Espagne « sont basées sur des analyses très superficielles »? L'irritation du gouvernement est d'autant plus profonde que la polémique sur l'avenir des caisses de retraite est récurrente en Espagne, où, comme partout ailleurs, le vieillissement de la population complique les perspectives. Alors qu'en 1975, on comptait encore 4 travailleurs actifs pour chaque pensionné, le rapport, aujourd'hui, n'est plus que de 2,5. Reste que l'Espagne est loin d'être la plus mal lotie : la tendance s'est même améliorée ces dernières années, puisqu'en 1996, ce même ratio avait baissé jusqu'à 2. Depuis, l'incorporation massive au marché du travail des immigrants et de la main-d'?uvre féminine a assuré un répit au système, qui a amassé en dix ans un fonds de réserve de 57 milliards d'euros.faillite imminenteAussi, sans rejeter l'idée de réformes progressives, les responsables gouvernementaux reprochent-ils au gouverneur un alarmisme sans fondement. D'autant que ses propos apportent de l'eau au moulin des multiples rapports de « groupes d'experts », annonçant une faillite imminente du système ? rapports immanquablement publiés sous l'égide d'institutions financières convoitant la manne des cotisations des retraités? La polémique sur les pensions est loin d'être la première entre gouvernement et banque centrale. Auparavant, le gouverneur s'était prononcé en faveur d'une réduction du coût du licenciement, et pour une limitation du pouvoir contraignant de la négociation collective. Des prises de position d'autant plus controversées qu'elles émanent d'un homme issu du giron socialiste : Fernández Ordoñez fut secrétaire d'État à l'Économie à l'époque de Felipe González?
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