La concurrence jouera dans la fibre optique

L'excuse d'absence de cadre réglementaire ne tient plus pour justifier les faibles investissements des opérateurs français dans la fibre optique. L'autorité de régulation des télécoms (Arcep) dévoile ce midi le projet de décision pour le déploiement, dans les grandes villes, de ce réseau d'accès à Internet à très haut débit, cinq à dix fois plus rapide que l'ADSL actuel. Le texte marquera la victoire de la solution prônée par Free sur celle défendue par France Télécome;lécom, victoire du « multifibre » sur le « monofibre ».Le principe?? Plutôt que de faire monter une seule fibre par foyer, chaque opérateur pourra disposer de sa ligne propre. Comment?? Le premier acteur à entrer dans l'immeuble demandera à ses concurrents s'il doit déployer pour eux une ou plusieurs fibres dites surnuméraires. À charge pour les différents acteurs de se partager les coûts d'installation. Dans son appartement, l'abonné aura la liberté de choisir la prise de tel ou tel opérateur. Et donc d'en changer plus facilement.Pour le gendarme des télécoms, la concurrence entre les réseaux des opérateurs est le garant du décollage de la fibre en France. Le monofibre risque en effet de faire coïncider le calendrier de déploiement avec celui de l'opérateur disposant des ressources financières les plus larges, mais pas nécessairement le plus pressé de lancer un nouveau réseau. Car derrière ce débat technique se cachent de lourds enjeux commerciaux. D'autant que plusieurs exemples étrangers ont montré que le monofibre permettait à l'opérateur historique de renforcer ses parts de marché. Plus riche que ses concurrents, il arrive le premier chez l'abonné. Et comme la fibre offre, en théorie, une qualité de services supérieure à celle de l'ADSL, l'utilisateur n'est pas tenté de transférer sa ligne vers un alternatif. Au Japon, NTT a ainsi 40 % du marché de l'ADSL, mais 70 % de celui de la fibre.plus de loyer à verserSFR, après avoir été un temps du côté de France Télécome;lécom, avec lequel il a conclu l'été dernier un accord auquel s'est rallié Numericable, s'est aujourd'hui, sans l'avouer officiellement, rangé du côté des arguments de Free, selon plusieurs sources. Persuadé qu'avoir sa propre fibre dans un foyer donne plus de liberté commerciale, marketing et financière. Mais pour France Télécome;lécom, ce choix est antiéconomique. Dans une tribune publiée vendredi dans « Le Figaro », le PDG, Didier Lombard, écrit que « le surcoût des solutions alternatives (dites « multifibres ») peut atteindre 40 %, sans aucun service ou débit supplémentaire ». Pour Free, le surcoût est beaucoup plus faible, d'environ 15 %. Surtout, en ayant sa propre fibre, l'opérateur ne devra plus verser de loyer à France Télécome;lécom comme aujourd'hui dans l'ADSL. Et peut envisager une forte hausse de ses marges.Voyant la tournure des discussions, France Télécome;lécom a tenté ces dernières semaines de reprendre la main. Sa demande?: que la zone de population concernée par la régulation soit la plus large possible. « En voulant une zone de plus de 10 millions de foyers, France Télécome;lécom savait que ses concurrents ne pourraient pas suivre financièrement. Il se serait donc retrouvé seul, même avec du multifibre », décrypte une source bien informée. La zone dense a finalement été arrêtée à 5 millions de foyers. Après une dernière consultation, puis un passage devant l'Autorité de la concurrence, le projet de décision doit être validé en octobre. nAprès avoir été un temps du côté de France Télécome;lécom, SFR s'est rangé aux arguments de Free.
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