En France, pas de relance... mais un soutien de l'économie

La relance de l'économie ? Appelez Bruxelles, a répondu en substance François Fillon. Interrogé lundi sur une éventuelle politique de relance, le Premier ministre a insisté sur sa nécessaire dimension européenne. Est-ce à dire que le gouvernement français reste pour l'instant inactif ? Pas vraiment. Mais à Paris, on ne veut pas entendre le terme " relance ". Trop connoté 1981, ou alors américain. Les experts français critiquent vertement la pratique du gouvernement Bush, consistant à faire des chèques à tous les ménages. Dès lors qu'on stoppe la distribution d'argent frais aux consommateurs, ceux-ci réduisent leurs dépenses, avec, en conséquence, un effet récessif sur l'économie, soulignent-ils.Les députés UMP sont généralement sur la même longueur d'onde. " La relance, c'est cher et inefficace ", commente l'un d'eux. Et de citer l'exemple du déblocage de la participation en 2004, par Nicolas Sarkozy, ministre des Finances : les sommes en question sont allées pour leur majorité se placer sur d'autres produits d'épargne, le reliquat ayant servi à acheter des lecteurs DVD ou des téléviseurs produits à l'étranger.PAS DE DISTRIBUTION DE CADEAUXQuant aux primes que le gouvernement pourrait être tenté de verser aux plus désargentés des Français, un autre explique " qu'il suffit d'interroger un responsable du rayon boissons d'une grande surface après le versement de la prime de Noël pour savoir à quoi sont utilisées ces sommes ".Voilà pourquoi le gouvernement va éviter la distribution des cadeaux, et continuer de jouer de l'arme extrabudgétaire. Les experts mettent en exergue l'addition de mesures déjà annoncées, telles que le rachat des logements en voie d'achèvement qui ne trouveraient pas preneurs, et surtout la pression mise sur les banques pour qu'elles prêtent à nouveau aux consommateurs comme aux entreprises. Les 10,5 milliards d'euros injectés en quasi-fonds propres dans les banques françaises ont pour seul objectif de permettre aux établissements financiers de prêter plus.Mêmes les économistes socialistes, tel l'ex-conseiller de Lionel Jospin à Matignon Pierre-Alain Muet, approuvent ce type de mesures. " Cela permet d'éviter un recul dramatique du crédit ", dit-il. Mais " tout cela n'a rien à voir avec une vraie relance ", affirme cet expert. " Le gouvernement n'en a pas les moyens, après avoir creusé le déficit de 15 milliards d'euros avec la loi Tepa. " Celle-ci, en " incitant notamment les employeurs à proposer des heures supplémentaires au lieu d'embaucher, n'est pas adaptée à un contexte de récession ". Nicolas Sarkozy ne reviendra pas dessus de sitôt.Sarkozy propose des fonds souverainsNicolas Sarkozy s'est prononcé hier en faveur de la création en Europe de fonds souverains (fonds d'investissement détenus par les États), qui, coordonnés, permettraient d'" apporter une réponse industrielle à la crise " économique. " Je connais parfaitement les désaccords entre certains pays " sur le sujet, mais " notre devoir, c'est qu'en Europe on puisse continuer à construire des bateaux, des avions, des automobiles ", a-t-il observé au Parlement européen. Le ministre allemand de l'Économie a rejeté cette proposition.
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