Réglementation Reach : les industriels français en retard

C e n'est que le début de la saga ! " Sous couvert d'optimisme, le directeur général de l'Union des industries chimiques (UIC), Jean Pelin, est contraint de l'admettre : alors que le préenregistrement des substances chimiques par les industriels européens, la première phase du règlement Reach, qui vise à évaluer la dangerosité des substances chimiques, se clôt le 1 er décembre au soir, sa mise en oeuvre demeure laborieuse.LOURDEUR DU PROCESSUSPremier constat : les industriels français sont en retard par rapport à leurs homologues européens. À mi-octobre, soit près de cinq mois après le début de la phase de préenregistrement, seules 1.258 sociétés s'étaient manifestées auprès de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) sur un total de 5.000 concernées dans l'Hexagone, dont 3.000 dans le secteur chimique. Une situation renforcée par la crise financière qui fait passer Reach au second plan des préoccupations. " Ce retard ne préjuge pas de la position de la France au 1er décembre car le rythme des préenregistrements s'accélère : ils ont progressé de 52 % en un mois ", a assuré Jean Pelin. Outre les barrières techniques - engorgement du site Internet, indisponibilité de documents explicatifs -, le plus préoccupant demeure la lourdeur du processus. Ainsi, certains industriels peinent à obtenir de leurs fournisseurs non européens la composition des produits qu'ils sont pourtant contraints de préenregistrer. " Nous cesserons de collaborer avec les fournisseurs qui ne nous auront pas répondu dans les délais ", assure à La Tribune Guy Chifflot, le président d'Orapi, une PME rhônalpine de 58 millions d'euros de chiffre d'affaires. Sans aller jusqu'à bouleverser l'intégralité du processus de production, une inconnue de taille demeure pour les industriels. En théorie, les sociétés qui n'auront pas préenregistré leurs substances au 1er décembre seront contraintes d'en interrompre la fabrication, sauf à déposer immédiatement un dossier d'enregistrement en bonne et due forme, procédé complexe et onéreux. Il pourrait en coûter de 50.000 à 500.0000 euros, selon l'UIC.Peut-on en arriver là ? Tout en évoquant " de possibles exceptions " , Jean Pelin s'est refusé à envisager tout délai supplémentaire. " Cela décrédibiliserait notre industrie et nous mettrait en porte-à-faux vis-à-vis des autres pays européens ", a-t-il souligné. Les industriels ne sont pas de cet avis : " Le procédé est tellement complexe que les plus petits acteurs vont avoir de grandes difficultés à l'appliquer. Il y aura très certainement un allongement du délai d'au moins un mois au-delà du 1er décembre ", observe Guy Chifflot.
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