La presse écrite doit se réinventer

La presse française a rendez-vous ce matin à l'Élysée pour le point d'orgue des états généraux de la presse écrite lancé le 2 octobre par Nicolas Sarkozy. Le président de la République retiendra sans doute quelques-unes des 93 mesures recommandées par le livre vert des états généraux (lire ci-dessous) mais peut aussi, comme il en a coutume, créer la surprise en apportant une touche personnelle à son plan. Le chef de l'État devrait toutefois soutenir certaines mesures jugées urgentes comme l'ouverture de négociations sociales dans les imprimeries pour faire baisser les coûts d'impression des quotidiens. Sur d'autres points ? hausse des dépenses publicitaires de l'État dans la presse, exonération de charges sociales, moratoire sur hausse des tarifs postaux de transport de la presse à ses abonnés, le secteur attend sa décision.Il y a urgence car l'année 2009 s'annonce désastreuse au niveau des recettes publicitaires des journaux. En décembre, l'agence de publicité ZenithOptimedia (groupe Publicis) dressait des prévisions pessimistes pour le marché américain et d'Europe de l'Ouest, où les investissements publicitaires seraient en recul respectivement de 6,2 % et 1 % sur l'année 2009. De son côté, l'association des quotidiens américains (NAA) enregistre au troisième trimestre 2008 un recul de 19,3 % des recettes publicitaires des journaux américains. Pis, sur la même période les revenus publicitaires de leurs sites Internet, encore en croissance à deux chiffres en 2007, sont passés dans le rouge à ? 3 %.symptôme d'une mutationLa presse quotidienne française accumule des handicaps spécifiques. Dans un pays où la lecture des magazines est plus ancrée dans les usages que celle des quotidiens, elle souffre de coûts d'impression supérieurs à ceux des pays comparables, d'un manque de points de ventes, d'un retard dans le portage à domicile? Mais presque partout dans le monde, la lecture des journaux et leur diffusion reculent. Ces crises sont le symptôme d'une mutation qui touche de plein fouet tous les médias et industries culturelles traditionnels, confrontés à l'essor des réseaux numériques. Comme pour la musique ou le cinéma, l'accès à l'information en ligne bouleverse les usages. Les nouvelles générations s'informent sur écran plutôt qu'en feuilletant des pages de papier, et lisent les articles des journaux à partir de vastes portails Internet. Quelles que soient les mesures annoncées ce matin par le chef de l'État, elles ne sauraient suffire seules à relever le défi de la transition vers ces nouveaux modèles sans perdre le public encore fidèle à l'ancien.Au-delà des défis industriels, la presse cherche à adapter son offre. Les initiatives et les expériences se multiplient, de nouveaux modèles sont testés. A quelques jours d'intervalle, deux institutions de la presse quotidienne européenne ont annoncé des changements. « El Pais », en Espagne, vient d'annoncer que les 500 journalistes de ses rédactions Internet et « papier » jusqu'ici dans distinctes, ne feront plus qu'une rédaction. « Le Monde », lui, publie lundi une formule rénovée.
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