Ces nouveaux milliardaires qui s'intéressent aux journaux

C'est un peu la loi des séries. En l'espace d'une semaine, trois milliardaires venant de pays émergents ont fait irruption dans le monde de la presse écrite « occidentale ». Dans les trois cas, ces investisseurs sont accueillis en recours providentiels car ils arrivent à un moment critique de l'histoire mouvementée de fleurons (ou ex-fleurons). Premier symbole, « France Soir ». Le titre a été racheté à la barre du tribunal de commerce le 15 janvier par Alexandre Pougatchev. À 23 ans, le fils de l'oligarque russe Serguei Pougatchev devient propriétaire du titre auquel le nom de Pierre Lazareff reste attaché. Même si le « France Soir » de 2009 n'est plus que l'ombre de ce qu'il était dans la France de l'après-guerre (23.000 exemplaires vendus par jour en 2008 contre plus d'un million dans les années 1950 et 1960), c'est une marque emblématique. Alexandre Pougatchev aurait promis aux salariés des investissements lourds pour faire un grand quotidien populaire.racheté pour une livreEn Grande-Bretagne, l'ex-responsable du KGB Alexandre Lebedev a annoncé cette semaine une opération similaire. L' « Evening Standard », racheté pour une livre au groupe Daily Mail, est le seul quotidien du soir outre-Manche. Mais Alexandre Lebedev est un personnage bien différent du nouveau patron de « France Soir ». Déjà présent dans la presse, c'est le seul oligarque à encore oser critiquer le Kremlin. En fait il internationalise son groupe de presse, et le journal russe qu'il contrôle, « Novaya Gazeta », est réputé démocrate. Lors d'une conférence de presse mercredi à Moscou, Alexandre Lebedev a expliqué vouloir que l'« Evening Standard » « survive et devienne rentable ».Car, pour ces milliardaires, les titres de presse écrite ne sont pas des entreprises en fin de vie, mais des actifs, des marques sur lesquelles un avenir économique peut se construire. Mais on peut craindre aussi que ces représentants de groupes financiers ou industriels en phase d'expansion internationale cherchent des moyens susceptibles de faciliter leurs affaires en dehors même de la presse. Certains commentateurs américains se sont ainsi émus de l'arrivée du Mexicain Carlos Slim comme sauveur (en accordant un prêt de 250 millions de dollars) du « New York Times » (« La Tribune » du 21 janvier). Deuxième fortune du monde, Carlos Slim s'est déjà fait critiquer pour des relations peu claires avec les administrations de son pays.L'attrait des milliardaires pour la presse n'est pas nouveau. Il y a deux ans, Rupert Murdoch qui a bâti un empire mondial dans les médias (News Corp.) avait déclenché une tempête de critiques en mettant la main sur le joyau de Wall Street, Dow Jones (propriétaire du célèbre « Wall Street Journal »). De même en France, le rachat des « Échos par Bernard Arnault (LVMH) avait donné lieu à une bataille d'opinion sans précédent. Jean-Baptiste Jacquin
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