Le trading automatique perce dans les banques françaises

Il y a un an, Jérôme Kerviel faisait perdre à lui seul 4,9 milliards d'euros à la Société Générale. Les excès des traders en matière de prise de risque ont coûté beaucoup d'argent aux banques d'investissement en 2008. La tentation pour les banques de s'asseoir sur des outils informatiques pour maîtriser l'ensemble des risques est de plus en plus grande. Pendant la crise, le trading « haute fréquence » s'est, selon les spécialistes, bien comporté. Il s'agit d'arbitrage pour compte propre réalisé par des automates, c'est-à-dire d'énormes logiciels, programmés pour passer les ordres (achats/ventes) sur les marchés boursiers. Ils peuvent exécuter plusieurs centaines de milliers d'ordres par jour, sur des périodes allant jusqu'à quelques secondes, d'où l'appellation « haute fréquence ». Ces programmes sont réalisés par des ingénieurs et mathématiciens qui modélisent le comportement des actions sur une période de plusieurs années. « L'objectif de l'automate est ensuite de détecter les situations anormales par rapport à la moyenne afin de réaliser un arbitrage dessus », explique un ancien grand trader de la Société Générale.moyens importantsLes banques françaises sont depuis plusieurs années parmi les leaders mondiaux du trading haute fréquence, notamment grâce à leurs ingénieurs. Elles évoluent aux côtés des banques anglo-saxonnes comme Goldman Sachs et de quelques hedge funds comme Renaissance, spécialisé sur ce métier depuis plus de dix ans. BNP Paribas a été la première à s'y lancer en 1995. À l'époque, la banque rachète la société américaine Cooper Neff spécialisée dans cette activité. BNP hérite de sa technologie et la développe. Quelques années plus tard, la Société Générale lui emboîte le pas. Les autres banques françaises, Natixis et Calyon, ont tenté de se lancer dans le trading haute fréquence ces dernières années. Mais leur essai a été rapidement stoppé par les énormes barrières à l'entrée en termes de coûts. « Pour lancer l'activité, il fallait un investissement initial de 60 millions d'euros », explique un ancien de chez Natixis. Ensuite, les infrastructures informatiques nécessitent d'importants moyens. « Ce métier nécessite des investissements informatiques de quelques millions à plusieurs dizaines de millions d'euros par an », remarque Jean-François Rigal, directeur général du cabinet de conseil Equinox.métier peu risquéS'il coûte cher, le trading haute fréquence rapporte gros. Selon plusieurs responsables d'activités de marchés, les leaders mondiaux comme BNP Paribas ou Société Générale génèrent environ 200 à 300 millions d'euros de revenus par an, voire plus. Mais les deux banques françaises restent très secrètes sur ce sujet et ne veulent pas communiquer. Ce métier est d'autant plus rentable qu'il consomme peu de fonds propres, un argument clé pour les banques qui surveillent précieusement leur solvabilité. Dernier argument clé, le trading haute fréquence est un métier peu risqué car les positions sont prises sur des périodes très courtes et sur des marchés cotés très liquides. Seul le risque opérationnel, à travers une mauvaise programmation peut faire perdre beaucoup d'argent. Malgré cela, le trading haute fréquence va continuer à se développer. Euronext vient de mettre en place un tarif spécial pour le trading haute fréquence qui peut faire économiser 30 % de commissions aux banques qui exécutent le plus d'ordres. Preuve que la demande est bien présente. nCe métier est d'autant plus rentable qu'il consomme peu de fonds propres.
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