Avertissement sans frais face à l'envolée du yen

C'est un avertissement sans frais qu'a lancé hier le gouverneur de la Banque du Japon, relayant la mise en garde lancée la veille par le ministère des finances : « La hausse du yen est l'un des facteurs contribuant à la détérioration de l'économie nipponne du fait de son impact majeur sur les exportations. » Lesquelles exportations, moteur de l'économie de l'archipel, se sont contractées de 35 % en glissement annuel en novembre, du jamais-vu.Car plus encore que le dollar, qui a retrouvé un statut de monnaie refuge, le yen attire les flux de capitaux d'investisseurs en mal de valeurs sûres. C'est ainsi que le yen a pulvérisé jeudi un quatrième record consécutif de vigueur face à une livre sterling en pleine déconfiture alors qu'il s'était propulsé la veille à un point haut de quatorze ans vis-à-vis du dollar à 87,10 et de sept ans contre l'euro à 112,10. Dans les conditions de marché actuelles, où les risques de crédit sont le juge de paix des taux de change, rien n'interdit de penser que le yen puisse renouer avec son point haut historique face au dollar atteint au printemps de 1995 à 79,75.appréciation indueÀ moins que? Le marché bruit de rumeurs et d'anticipations d'incursion prochaine de la Banque du Japon dans le marché à la demande de son autorité de tutelle en la matière, le ministère des Finances. Lundi, Eisuke Sakakibara, qui fut surnommé « M. Yen » pour son influence sur le cours de la monnaie nipponne à la fin du siècle dernier, déclarait s'attendre à des interventions sur le marché des changes pour éviter le franchissement du seuil de 85 yens pour un dollar. La Banque du Japon a revu jeudi radicalement à la baisse ses prévisions économiques pour les exercices fiscaux 2008-2009 et 2009-2010, qui s'étendent d'avril à mars, tablant sur un recul du PIB de respectivement 1,8 % et 2 %. Elle s'insurge à l'idée qu'une appréciation qu'elle juge indue du yen ne mette à mal ses efforts pour sortir l'économie de l'ornière. Car la banque centrale de Tokyo a également annoncé un nouveau train de mesures pour soutenir les entreprises frappées par la contraction du crédit, notamment la poursuite des achats d'effets commerciaux émis par les sociétés et l'acceptation d'une plus large gamme de titres comme garantie des prêts qu'elle accorde.Les marchés sont prévenus : après des années de présence quasi continue pour freiner la hausse de sa monnaie, jusqu'au printemps 2003, la Banque du Japon prépare son grand retour pour préserver la compétitivité des exportateurs nippons. Qu'elle agisse ouvertement ou de façon voilée, comme elle en avait un moment pris l'habitude, le secret ne sera pas longtemps gardé : il suffira de regarder l'évolution de ses réserves de change. Si son trésor de guerre de 1.003 milliards de dollars, le deuxième plus important du monde derrière le matelas chinois, recommence à gonfler, c'est qu'elle est bien là pour vendre du yen et acheter du dollar.
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