Des politiques impuissants

« L'État ne peut pas tout. » Cette phrase prononcée en 2000 par le Premier ministre Lionel Jospin lors de l'annonce des licenciements « boursiers » chez Michelin avait coûté cher au candidat socialiste à la présidentielle deux ans plus tard. Nicolas Sarkozy la cite souvent comme le contre-exemple absolu du « volontarisme politique », dont il se veut le porte-drapeau. Le chef de l'État se veut interventionniste, au mieux acteur des restructurations industrielles, au pire « médiateur » ou « facilitateur ». Chez Caterpillar, le 1er avril, Nicolas Sarkozy a promis de « sauver » le site. Mais les salariés s'inquiètent après le précédent de la fermeture du site de Gandrange. Mardi soir, Luc Chatel a annoncé que le gouvernement proposait sa « médiation » dans le dossier Continental. Et hier matin, François Fillon a fustigé sur France Inter l'équipementier automobile américain Molex dont « la direction n'aurait pas communiqué aux salariés des informations importantes notamment sur le déménagement d'une activit頻, à l'origine de la fermeture du site de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) prévue cette année, et qui pourrait s'apparenter à « un délit d'entrave ».Dans ces dossiers, l'Élysée, Matignon et Bercy veulent agir au « cas par cas ». Avec un souci en parallèle, celui d'éviter que les manifestations parfois violentes des salariés des sites concernés suscitent des craintes chez les investisseurs étrangers. C'est pour cette raison que François Fillon a affirmé que le saccage mardi soir de la sous-préfecture de Compiègne (Oise) par les ouvriers de Continental à Clairoix n'était pas « acceptable ». Même s'il a assuré comprendre le désarroi des salariés, qui risquent fort de se retrouver au chômage et sont devenus emblématiques des conséquences sociales de la crise, le chef du gouvernement a critiqué une « petite minorit頻 d'entre eux, en promettant des poursuites judiciaires.L'opposition socialiste cherche évidemment à mettre en difficulté le pouvoir sur sa gestion des crises sociales. « Beaucoup de salariés ont le sentiment d'être abandonnés par l'État, laissés dans un pur rapport de force avec le patronat, a souligné hier Pierre Moscovici. Ils attendent du président de la République, qui ne cesse de clamer son volontarisme, qu'il le montre sur le terrain, avec une vraie stratégie industrielle notamment. » Pour le porte-parole du PS, Benoît Hamon, les salariés « ne comprennent pas que le gouvernement les abandonne, les laisse à leur propre sort, face à des entreprises qui ont des comportements inadmissibles ».HéLèNE FONTANAUD
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