Atterrissage brutal du transport aérien indien

L'accord en dit long sur l'ampleur de la tempête que traverse le ciel indien. Alors qu'elles se livrent à une farouche concurrence, Kingfisher Airlines et Jet Airways , les deux principales compagnies aériennes privées, dirigées chacune par deux milliardaires qui ne s'apprécient guère, ont enterré la hache de guerre pour signer, la semaine dernière, une alliance commerciale d'envergure. Même si une fusion n'est pas pour l'heure évoquée, cet accord constitue la dernière étape d'une consolidation du ciel indien, qui s'organise depuis moins de deux ans avec la fusion des deux compagnies publiques, Air India et Indian Airlines. Dans la foulée, Air Sahara était rachetée par Jet Airways, et Air Deccan par Kingfisher. Une concentration aussi rapide que l'éclosion ces dernières années d'une multitude d'opérateurs après une libéralisation accrue du secteur.Jet Airways et Kingfisher ontdécidé de mettre en communleurs achats de carburant, leurs équipages et personnel au sol... Mais aussi de proposer à leurs clients de voler sur l'une ou l'autre compagnie en fonction des lignes et des horaires, de façon à rationaliser leurs offres. Surtout dans le but de réduire les coûts, une partie des vols intérieurs programmés aux heures creuses, et qui font double emploi, sera supprimée. Quant au développement à l'international, il sera revu à la baisse au profit d'une coordination des offres des deux compagnies. Au total, Jet a annoncé une réduction de 15 % de ses vols cet hiver par rapport aux projets initiaux.PLAN DE SAUVETAGE ATTENDULes flottes d'appareils des deux groupes vont être affectées. Jet Airways se débarrassera à la fin du contrat en cours de sept Boeing exploités en leasing tandis que Kingfisher en fera autant avec sept Airbus. Les deux compagnies tentent ainsi de réagir à la flambée des prix du pétrole de ces derniers mois et au brutal ralentissement de la demande. En juillet, les principaux aéroports du pays ont enregistré une baisse de trafic domestique de l'ordre de 16 % sur un an. Résultat, les compagnies indiennes affichent de lourdes pertes. Elles se sont élevées à 938 millions de dollars (729 millions d'euros) en 2007. Elles devraient atteindre 1,5 milliard de dollars en 2008. Une situation suivie de près par Airbus et Boeing, qui ont dans leur carnet de commandes plusieurs centaines d'avions en Inde.Le secteur attend désormais un plan de sauvetage du gouvernement. Réticent, car ne voulant pas ouvrir la porte à des demandes de tous les secteurs affectés par le ralentissement économique, celui-ci pourrait faire un geste sur les taxes sur le kérosène dénoncées par l'Association internationale du transport aérien comme faisant de l'Inde " l'un des endroits de la planète les plus chers pour acheter du carburant ".
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