Mariage transatlantique dans les services de compensation

Voilà des années que les intermédiaires réclament des infrastructures de marché consolidées. Ces activités inconnues du grand public sont pourtant au coeur de la sécurité des Bourses, comme la déconfiture de Lehman Brothers l'a démontré. Les professionnels les appellent communément les services de post-marché en y agrégeant la compensation et le règlement livraison des actions. Dans un monde idéal, pour la plupart des membres des marchés boursiers, ces acteurs sont de vrais services publics. À l'image de l'américain Depositary Trust & Clearing Corp. (DTCC). Le mariage entre DTCC et LCH.Clearnet dévoilé hier pourrait bien aller dans ce sens. Principal intéressé, Jean-François Théodore, DG adjoint de Nyse Euronext , s'est réjoui de ce rapprochement lors de son intervention à la conférence " le Post-marché en profonde mutation ", organisée hier par les professionnels du titre (Afti). ll veut voir dans une compensation efficace " la réponse à la crise ", car le recours aux chambres de compensation permettra aux banques de limiter leurs besoins en fonds propres.UN ACCORD NON CONTRAIGNANTSi les régulateurs et les actionnaires donnent leur aval, DTCC devrait racheter au deuxième trimestre 2009 la chambre de compensation franco-britannique pour l'équivalent de 739 millions d'euros. LCH.Clearnet serait alors transformée dans un délai de trois ans en une infrastructure à but non lucratif, redistribuant à ses utilisateurs les revenus collectés une fois les coûts opérationnels couverts, à l'image du modèle qui est celui de la DTCC. Juridiquement, LCH.Clearnet SA, LCH.Clearnet Ltd et EuroCCP (la filiale de DTCC) seraient placées sous un holding unique, avec un management commun. Pour l'heure, les promis ont signé un accord non contraignant qu'ils espèrent rendre définitif d'ici au 15 mars 2009. Mais, selon les termes retenus, les actionnaires actuels de LCH.Clearnet recevront l'équivalent de 34 % du capital de DTCC et le droit à recevoir durant trois ans les bénéfices à venir de LCH, le temps de sa transformation. Premier actionnaire de LCH avec 15,8 % du capital, Euroclear a d'ores et déjà apporté son soutien à la transaction. Il restera actionnaire du holding européen." La compensation est essentiellement une activité à coûts fixes. Ce rapprochement permettra des économies d'échelle et donc de partager ces coûts ", explique Roger Liddell, directeur général de LCH.Clearnet. Les promis escomptent 50 millions d'euros d'économies dans les technologies de l'information. Selon la Fédération mondiale des Bourses, les deux chambres gèrent à elles deux 53 % des volumes d'actions mondiaux. Pour la chambre de compensation européenne, appelée à migrer sur les systèmes de DTCC, l'enjeu est de taille. Sa commission moyenne de compensation se situe aujourd'hui à 19 centimes par transaction, contre 5 à 6 centimes pour des nouveaux venus comme EuroCCP ou EMCF (la filiale de Fortis reprise par le gouvernement néerlandais). DTCC exige pour sa part 0,33 centime.Au-delà, c'est aussi pour les intéressés une manière d'accompagner le mouvement d'intégration des marchés. " La naissance de Nyse Euronext a été pour nous un signal clair : celui que nous devions discuter ensemble et établir une solide relation ", souligne Donald Donohue, le président-directeur général de DTCC. De son côté, Nasdaq OMX a décidé de se lancer lui-même dans la compensation, en utilisant la filiale de la Bourse de Boston (rachetée à l'été) pourles actions américaines et en misant, pour l'Europe, sur EMCF dont il a repris dernièrement 22 % du capital.
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