L'Argentine réveille le traumatisme de la faillite historique de 2001

Déjà sceptique à l'égard d'un pays au ban du marché du crédit international depuis qu'il a fait défaut en 2001, la communauté financière a très mal réagi à la décision de l'Argentine de nationaliser le système privé de retraites. Pour les investisseurs, cette annonce, qui revient à placer dans le giron de l'État huit sociétés de gestion sur dix du secteur et un encours de près de 30 milliards de dollars d'actifs, est de nature à faire fuir encore davantage les capitaux. Surtout dans le contexte de chahut actuel.Du coup, la panique qui s'était emparée des marchés financiers argentins mardi s'est accentuée hier. À la Bourse, l'indice Merval, déjà mis à mal par la chute du prix des matières premières, s'est effondré de près de 12 % lundi soir. Hier, en fin de séance, il abandonnait 10,11 %, après avoir dégringolé de 16 % dans la journée. Sur le marché obligataire, la dette de l'Argentine s'est négociée à des niveaux plus bradés que jamais. " Tous les prix se traitent désormais comme si le pays allait faire défaut ", relève un trader. Si le gouvernement dit vouloir, à travers cette mesure, protéger les avoirs des retraités de la banqueroute des fonds privés, l'opposition, elle, y voit plutôt une " confiscation ".EFFACER L'ARDOISE DE LA DETTENombre des contradicteurs s'insurgent également à propos des objectifs court-termistes de l'État quant à l'usage de cet argent. Certains avancent que cette mainmise aurait surtout pour objectif d'aider l'État à faire face à ses échéances de quelque 40 milliards de dollars en 2009 et 2010.A priori, un tel scénario aurait pourtant de quoi satisfaire les milieux financiers. Surtout, il irait dans le sens des précédents gestes de l'Argentine en vue d'effacer son ardoise alors que l'endettement du pays représente encore quelque 56 % du PIB. En mai, le pays avait déjà annoncé son remboursement de sa dette auprès du Club de Paris.Toutefois, le calcul n'est pas si simple. L'instauration de ces fonds en 1994 avait en effet constitué un fort stimulant pour les marchés financiers locaux. Sur le seul mois de septembre, ces fonds auraient par exemple été acheteurs nets de 144 millions de dollars d'actions domestiques. Leur disparition pourrait donc susciter un moindre afflux de capitaux sur ces marchés.Par ailleurs, la crise ouverte risque de déstabiliser la capacité de la banque centrale mobilisée pour la défense du peso. " Jusqu'à présent, la monnaie résiste car les autorités, de crainte de voir le remboursement de la dette plus difficile, se sont employées à la défendre ", relève Sergio Trigo Paz, stratège chez Fortis Investment. Et de fait, au cours des deux derniers mois, le peso argentin n'a chuté que de 6,8 % tandis que le real et le peso chilien plongeaient de 40 % et 25 %. " Mais le montant des réserves de change n'est pas illimité. Une crise de confiance menace désormais le peso. Nombre d'Argentins veulent déjà échanger leurs avoirs en pesos contre des dollars. "Forte réplique à MadridL'affaire des caisses de retraite argentines a entraîné de vives secousses sur les groupes cotés espagnols présents dans ce pays d'Amérique du Sud. À Madrid, l'indice Ibex-35 s'est effondré de 8,16 % à 8.995,30 points. Le groupe pétrolier Repsol YPF - qui doit en principe introduire en Bourse à Buenos Aires dans les prochains mois une partie de sa filiale argentine YPF - a chuté de 15,75 % à 15 euros. Les banques présentes dans ce pays ont également souffert. Santander et BBVA, dont l'une des filiales est active dans la gestion de fonds de pension, ont dévissé de 9,9 et 9,1 %.
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