BNP Paribas touche son plus-bas depuis dix ans

La chute est vertigineuse. Depuis la signature avec l'État belge et Fortis Holding le 10 octobre du protocole d'accord de reprise des actifs belges et luxembourgeois de Fortis, le cours de BNP Paribas a été divisé par près de deux. Hier, le titre a encore chuté de 5,43 % en cours de séance pour toucher 28,72 euros avant de clôturer à 29,66 euros. Il faut remonter plus de dix ans en arrière, en novembre 1998, avant la fusion de BNP avec Paribas, pour retrouver un tel niveau.Face aux difficultés du gouvernement belge (le roi Albert II a accepté la démission du Premier ministre, Yves Leterme, hier soir), qui avait appelé BNP Paribas à la rescousse, les marchés ne croient plus à un rapprochement de la première banque française avec le groupe bancaire franco-belge. Or cette opération aurait renforcé de 35 points de base la solvabilité de BNP Paribas. Le désamour des marchés se nourrit par ailleurs des pertes annoncées du groupe dans la banque de financement et d'investissement, d'un montant de 1,6 milliard d'euros sur deux mois. Les plus pessimistes s'inquiètent de voir cette facture s'alourdir d'ici à la fin de l'année.nouveaux doutesPar conséquent, les interrogations ressurgissent sur la solidité financière de BNP Paribas dont le ratio de fonds propres durs est un des plus bas du secteur (5,7 %). Le directeur général de la banque, Baudouin Prot, a tenté de couper court à ces questions. Dans une interview aux « Échos », il a expliqué hier que la banque avait les moyens de se passer d'une augmentation de capital, qui serait destructrice de valeur. « Nous disposons d'une marge de flexibilité à travers la gestion des encours pondérés, du même ordre de grandeur que celle attendue de l'opération Fortis », a-t-il précisé.Selon un analyste, la banque devrait aussi « supprimer la distribution de dividendes en 2009. Ce qui lui ferait gagner trois points de base supplémentaires ». BNP Paribas évoque enfin la possibilité de faire appel à l'État en émettant auprès de la Société de prise de participation de l'État (SPPE) 2,5 milliards d'euros supplémentaires de titres hybrides. Au total, « seule une hausse sensible de son CDS [prime payée par les investisseurs pour s'assurer contre un risque de défaut de la banque, Ndlr], qui détermine sa capacité à se refinancer et faire son métier, pourrait obliger BNP Paribas à céder aux pressions du march頻, souligne cet analyste. Or, pour le moment, les marchés du crédit se montrent indifférents aux difficultés conjoncturelles de la banque. Celle-ci a donc toutes les raisons de poursuivre son bras de fer avec les marchés. Ninon RENAUD
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