Valorisation n'est pas raison

chronique des marchésQuel investisseur n'a pas encore été tenté par les rendements proposés sur le marché du crédit ? Tel emprunt obligataire à trois ans et demi émis par Casino paye un coupon de 7,875 %, telle autre émission d'EDF à douze ans apporte une rémunération annuelle de 6,25 %? Pourquoi hésiter ? En plus, depuis la fin de l'année dernière, à grand renfort de modèles, les stratégistes de marché nous expliquent que des taux de défaut, comme ceux qui sont intégrés dans les « spreads » de crédit (à savoir l'écart de rémunération avec les taux des emprunts d'État, qui peut aussi être vue comme la prime qui rémunère les investisseurs pour le risque pris) à l'heure actuelle sont historiquement aberrants. Sur le marché de la dette dédié aux entreprises et aux institutions financières, le rendement offert ferait plus que compenser le risque réellement pris, assènent ces mêmes stratégistes. Certes, mais du point de vue des gérants, la situation n'est pas tout à fait aussi simple. « En dehors des titres courts et des titres d'État, la liquidité reste un problème important », souligne Nicolas Chaput, responsable des gestions de taux de BNP Paribas Asset Management. Pour lui, « la dette d'une certaine catégorie de corporates, comme les entreprises de service aux collectivités ou encore celle des institutions financières, présente de la valeur, mais il est préférable d'avoir la capacité de garder sa position jusqu'à la maturité de la transaction ».Les gérants d'Axa IM soulèvent un autre problème. « La sévérité de la crise actuelle nous amène à penser que les taux de défaut pourraient excéder les sommets historiques. » Déjà, Moody's prévoit qu'au niveau mondial, le taux de défaut de la dette à haut rendement (les junk bonds) augmentera jusqu'à 15,1 % en 2009 (15,3 % aux États-Unis et 18,3 % en Europe). « Ce sont des taux beaucoup plus élevés que ceux observés lors des précédents cycles de crédit, à savoir 11,9 % en 1990-1991 et 10,4 % en 2001-2002 », soulignent-ils. Selon leurs calculs, à l'horizon d'un an, les prix de marché ne seraient donc pas si aberrants que cela, en particulier pour la dette européenne considérée comme « spéculative » ou notée dans le bas de la catégorie « investissement ». Cette conclusion devrait favoriser l'attentisme des investisseurs qui ne peuvent se permettre de porter les titres jusqu'à leur échéance, au moins jusqu'à la deuxième partie de l'année.Sophie Rolland « La sévérité de la crise actuelle nous amène à penser que les taux de défaut pourraient excéder les sommets historiques des précédents cycles de crédit. »
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