La défense face au risque de dépréciation d'actifs

Alors que les dépréciations de survaleurs menacent les comptes des sociétés, le secteur de la défense devrait, en théorie, compter certaines victimes en Europe. À commencer par Finmeccanica qui, de peur de voir Thales ou EADS lui voler sa proie, a payé l'an dernier l'américain DRS Technologies au prix fort, 5,2 milliards de dollars. Par ailleurs, d'autres groupes européens de défense ont été, eux aussi, de véritables prédateurs sur le marché américain.À l'opposé, Thales et EADS, très critiqués voici peu pour ne pas avoir sauté sur l'opportunité d'un euro fort pour faire des acquisitions aux États-Unis, ne devraient finalement pas être concernés par les dépréciations de survaleurs (goodwills). En revanche, logé à la même enseigne que Finmeccanica, le britannique BAE Systems pourrait crouler sous le poids des goodwills. Outre-Atlantique, mises à part les opérations de petite et moyenne envergure, ce dernier a acquis en 2005 United Defense pour 4,19 milliards de dollars puis Armor Holding pour 4,5 milliards à l'été 2007.Si pour le britannique et l'italien, cette stratégie est payante à long terme, elle devrait en théorie assurer aujourd'hui la contrepartie des dépréciations de survaleurs. « Le niveau de goodwill de BAE est important, il représentait fin 2007 140 % des fonds propres, qui étaient de 6 milliards de livres », confirme un analyste du CM-CIC.visibilité du secteurReste que ce qui vaut pour l'ensemble des secteurs ne vaut pas obligatoirement pour la défense. « L'acquisition de DRS est trop récente pour qu'elle donne lieu à des goodwills », estime pour sa part un analyste de Bryan Garnier. Plus généralement, les spécialistes du secteur font valoir que le budget militaire américain ne devrait pas être revu de sitôt à la baisse. En outre, « dans le cadre de la politique de relance économique de Barack Obama, il y a peu de chances que l'on touche à un secteur d'activité qui est l'un des plus gros pourvoyeurs d'emplois outre-Atlantique » souligne-t-on au CM-CIC.Bénéficiant d'une bonne visibilité, le secteur ne devrait donc pas donner lieu à d'importantes dépréciations de survaleurs. En revanche, « le phénomène pourrait concerner des actifs en portefeuille liés à certains programmes, dans le militaire avec l'A400M et dans l'aéronautique avec le 787 », met en garde l'analyste de Bryan Garnier.Gaël Vautrin
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