Bollywood reprend espoir grâce à huit oscars

Huit oscars, dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure musique : le triomphe remporté par « Slumdog Millionaire », dimanche soir à Los Angeles, suscite l'enthousiasme en Inde. Sans appel, cette victoire aux oscars ? la première pour un film indien ? est vécue comme un événement national dans un pays où le cinéma est roi. ?Présidente de la République, Premier ministre et autres sommités ont souligné la « fiert頻 ressentie par tout le pays. Une fierté qui a fait passer à l'arrière-plan les critiques exprimées ces dernières semaines : racontant l'histoire d'un jeune homme issu des bidonvilles de Bombay qui gagne une fortune dans un jeu télévisé à force de courage et d'obstination, « Slumdog Millionaire » s'attarde trop sur la description de la pauvreté en Inde au goût des défenseurs de l'image de « l'Inde qui brille ».crédibilité confortéeMais, comme l'a résumé le directeur adjoint de la photographie du film, c'est la « crédibilité de tout le cinéma indien » qui va s'en trouver confortée sur la scène mondiale. Le réalisateur, Danny Boyle, a beau être britannique, « Slumdog Millionaire », tourné à Bombay avec une équipe essentiellement indienne, est considéré ici comme un film national. Et son succès dans le monde entier ? le film a déjà rapporté dix fois son modeste budget de 15 millions de dollars ? va servir, espère la profession, de locomotive pour le secteur.Celui-ci en a bien besoin. Car le cinéma indien traverse une phase difficile après des années d'euphorie. Selon le rapport sur l'industrie des médias et des loisirs que viennent de publier conjointement l'organisation patronale FICCI et le consultant KPMG, l'industrie indienne du cinéma a connu ces trois dernières années une croissance moyenne enviable de près de 18 % par an. Soulignant que le cinéma indien est le plus important au monde « avec plus de 1.000 films, plus de 3 milliards de spectateurs par an » et un chiffre d'affaires estimé à 1,7 milliard d'euros en 2008, les experts des deux organisations prévoient un net coup de frein : la croissance serait divisée par près de deux, à 9,1 % par an pendant les cinq années à venir.Surtout, les années 2009 et 2010 pourraient être très tendues. Rassemblés la semaine dernière en colloque à Bombay, la capitale du cinéma indien, les professionnels n'ont pas écarté deux années de stagnation. Car la crise financière est venue brutalement rappeler aux réalités une industrie jusqu'ici un peu trop enthousiaste. Les coûts de production se sont envolés, et notamment ceux des superstars, qui dépassent désormais couramment la moitié du budget d'un film.Conjuguée à la fermeture des robinets du crédit, cette inflation a des conséquences spectaculaires : selon Ronnie Screwvala, PDG d'UTV, « environ 40 % des films déjà terminés ne seront pas diffusés en 2009 », les studios n'ayant plus les liquidités pour financer leur distribution et leur marketing?de vrais scénariosPlus profondément, la profession s'interroge sur la qualité de ses produits. Une forte proportion des superproductions 2008 ont été des échecs retentissants. S'appuyant trop sur des vedettes payées à prix d'or et des images léchées, producteurs et réalisateurs en ont trop souvent négligé la qualité des histoires. Si bien que les professionnels en arrivent à se demander si des films à budgets « moyens », construits autour de scénarios solides ne seraient pas la solution. Une révolution dans les mentalités de Bollywood? Et à cet égard, le succès de « Slumdog Millionaire », bâti sur ce principe, peut donner bien des idées. nles films à gros budget et super- stars ne font plus recette.
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