L'Égypte craint le retour de l'insécurité

Au lendemain de l'attentat qui a frappé la place Hussein, tuant une jeune Française et blessant une vingtaine de personnes, les visages sont sombres dans le Khan el-Khalili, le souk qui borde les lieux du drame. Si le ministre du Tourisme égyptien, Zoheir Garranah, a condamné l'attentat « avec force » et juré que l'économie n'en souffrirait pas, sur place, le pessimisme est de rigueur. Engendré par le choc de l'attentat bien sûr, mais aussi par la conviction pour les commerçants que les affaires vont aller mal, comme en 2005, lorsqu'une bombe avait tué trois touristes à quelques centaines de mètres de l'endroit où a explosé la bombe dimanche. Sur les lieux, bouclés par les services de sécurité, les touristes sont rares. Quelques couples sont assis aux terrasses, tandis qu'un petit groupe de Californiens flâne dans les allées du souk. Pour Said, vendeur local, les retombées du drame se font déjà sentir. « Voici les derniers visiteurs que vous voyez, après, pendant plusieurs mois, nous n'aurons plus personne. Et c'est simple : s'il n'y a pas de touristes, il n'y a pas d'argent », soupire-t-il. 20 % des revenus en 2008Pour l'économie égyptienne, le secteur est vital. Avec 11,6 milliards de dollars de recettes, soit 20 % des revenus en 2008, il est le deuxième pourvoyeur de devises étrangères et représente 16,3 % du produit intérieur brut. Il emploie 2,8 millions d'Égyptiens, soit un actif sur cinq, mais ils seraient au total 10 millions (sur une population de 78 millions) à en profiter de façon directe et indirecte. « Jusqu'à hier, la conjoncture était encore favorable. Mais cet attentat aura des retombées négatives sur le tourisme et probablement sur les investissements étrangers », commente Khalid Sekkat, chercheur au Economic Research Forum au Caire. À la suite des derniers attentats sur la mer Rouge (Dahab en 2006 et Charm el-Cheikh en 2005), de nombreuses annulations avaient été enregistrées par les professionnels de l'hôtellerie et du tourisme. « Quelques semaines après ces drames, on avait observé un début de retour à la normale, les touristes reprenant confiance », tempère Khalid Sekkat. Pourtant, cette fois-ci, l'attaque est survenue dans un climat d'inquiétude. Car si le secteur n'a pas souffert l'an dernier, les prévisions sont pessimistes. « On s'attend à un vrai ralentissement du tourisme, pas à cause des attentats mais à cause de la crise internationale », prévient l'économiste. De quoi mettre en doute l'objectif de 14 millions de visiteurs, affiché par le gouvernement pour l'année 2010. Stéphanie Wenger, au Caire
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