Pékin de plus en plus réticent à jouer les pompiers

La Chine n'est jamais avare en contradictions. Elle l'a encore démontré hier, en soufflant le chaud et le froid au sujet du dollar. En une seule journée, Pékin est à la fois parvenu à conforter les États-Unis quant à la poursuite de ses achats en bons du Trésor américains tout en prônant une refonte du système monétaire international, « Investir dans les bons du Trésor américains est un élément important de la stratégie d'investissement de la Chine et nous poursuivrons cette pratique », a indiqué Hu Xiaolian, directeur de la Safe (State Administration of Foreign Exchange), avant que le gouverneur Zhou Xiaochuan, lui, ne relance le trouble? en invitant la communauté internationale à repenser son système monétaire global. Sans citer explicitement le dollar, le gouverneur évoque tout de même la piste des droits de tirage spéciaux (DTS), instrument monétaire créé par le FMI en 1969, comme possible monnaie de référence.Une posture qui ne fait qu'alimenter la thèse d'un désengagement chinois. Il y a dix jours déjà, le Premier ministre chinois avait ouvertement manifesté son embarras : « Nous avons prêté beaucoup d'argent aux États-Unis. Et nous avons bien sûr des craintes quant à la sécurité de nos actifs. » Le débat est donc loin d'être clos. « La logique qui prévalait jusqu'à présent, et où la Chine et les États-Unis avaient des intérêts communs, l'un surconsommant, et l'autre surinvestissant trouve ses limites », remarque Vincent Strauss, gérant chez Comgest, avant de relativiser : « Mais, en même temps, si la Chine n'achète plus de dollars, que va-t-elle acheter ? Et surtout si elle vend des dollars, quelle contrepartie va-t-elle trouver en face ? » « C'est un problème, si au moment où les Américains ont besoin de lever de la dette, les Chinois ne veulent plus en acheter », renchérit Xavier Linsenmaier, gérant chez Acropole gestion, « toutefois, ajoute-t-il, le prêt-emprunt de titres est très développé sur les bons du Trésor américain, de même que les contrats futurs. Les Chinois ont donc tout loisir de se couvrir ou de vendre des « treasureries » sans que les Américains ne s'en aperçoivent dans leurs statistiques ». Plusieurs rumeurs circulent déjà quant aux modes de réorganisation des actifs de Pékin.« délestage en douce »Selon « Asia Times », la « Chine serait en train de se délester de ses dollars en douce, et pour ce faire, « elle les transférerait discrètement à des fonds qui achètent des ressources minières et pétrolières ». Mais si elle participe à cette diversification, cette méthode ne peut jouer qu'un rôle d'appoint. « À 20 milliards de dollars l'opération, il faudrait beaucoup de Chinalco pour recycler ses dollars », estime Xavier Linsenmaier. Sans compter que la Chine, après son refus de laisser Coca-Cola mettre la main sur Huiyan, risque de se heurter à une montée très forte du protectionnisme. Restent les plans de relance domestique. En attendant le vrai big-bang préconisé par la banque centrale, ils pourraient davantage aider le pays à réduire son exposition au dollar.
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