Pour Publicis, le plus dur est passé

Maurice Lévy a réussi à faire souffler un vent d'espoir dans l'industrie décimée de la publicité. « Le pire est derrière nous. Je pense que nous avons touché le fond au deuxième trimestre. Il n'y a plus de détérioration du marché. C'est une grande nouvelle. Car, jusque-là, le secteur se dégradait de mois en mois », s'est félicité hier le président du directoire de Publicis, en présentant ses résultats du premier semestre aux analystes. Pas de franche reprise dans l'immédiat, même si la seconde moitié de l'année sera meilleure. « Traditionnellement, les marges sont supérieures au second semestre », a assuré le patron du troisième groupe mondial. La crise est telle qu'il ne faut pas attendre de rapide rebond.« En 2010, le retour de la croissance, aidé par la Coupe du monde de football, sera lent et progressif. Le marché pourrait commencer à avoir de bons chiffres à l'été 2010. Publicis pourrait retrouver une légère croissance sur l'année », pronostique Maurice Lévy, qui n'avait « jamais vu un tel niveau de détérioration » du secteur. Les investissements publicitaires devraient reculer en 2009 de 8,6 % dans le monde, selon ZenithOptimedia, avec des chutes à deux chiffres aux États-Unis, au Japon, au Royaume Uni ou en Espagne.Dans ce contexte, Publicis s'en sort mieux que le marché. Au premier semestre, le chiffre d'affaires, qui atteint 2,2 milliards d'euros, a reculé de 6,6 % à périmètre et taux de change comparables. En Europe, le recul est de 11,6 %. Et le groupe a été pénalisé par la faillite de General Motors, gros client pour lequel il a passé une provision de 9 millions d'euros. La marge opérationnelle ressort à 13 % éloignant Publicis de son record de l'an passé (16,9 %). D'ailleurs, le dirigeant ne s'attend pas à retrouver des niveaux de marge comparables avant « deux ou trois ans ». Dès octobre 2008, début de la crise, le groupe a commencé à faire des économies. 2.373 postes ont été supprimés, soit une baisse de 5,2 %. Ces mesures vont se poursuivre. Chez Publicis, comme dans tous les groupes de publicité, les coupes sont moins visibles, en raison du fort turnover (un salarié sur quatre s'en va chaque année) et de la structure du groupe en milliers d'entités.marchés émergentsÀ côté des mesures d'économies, Publicis espère continuer de résister grâce aux marchés émergents et au numérique, deux piliers qui devraient ensemble peser la moitié de son chiffre d'affaires en 2010. Les nouveaux médias, segment qui pèse 20,8 % des revenus, ont progressé de 5,7 % au premier semestre. Le numéro un français réfléchit d'ailleurs à des acquisitions, comme celle de Razorfish (Microsoft), que le « Financial Times » évalue entre 600 et 700 millions de dollars. « Je pense que Razorfish est en vente. Si c'est le cas, nous allons regarder. L'agence présente un certain nombre d'avantages, et correspondrait très bien à notre stratégie », a confirmé Maurice Lévy. À Paris, le titre a terminé hier sur un bond de 6,54 %, à 23,45 euros.
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