Les syndicats en position délicate

Depuis le début de la crise, ils ont négocié pied à pied avec le Medef des mesures en faveur de l'emploi. Et obtenu, par exemple, l'amélioration de la convention de reclassement personnalisé ou l'accroissement des moyens dévolus à la formation professionnelle. Mais déjà, au cours de ces dernières années, les syndicats ont bataillé sur le terrain pour convaincre employeurs et salariés de renoncer aux chèques valises et de mettre la priorité sur le maintien de l'emploi ou le reclassement. Las ! En l'espace de quelques mois, tous leurs efforts de pédagogie ont été balayés au profit de la quête à la prime de départ. « Ce qui me frappe, c'est que toutes les organisations syndicales sont très responsables dans la crise. Aucune n'a agité le chiffon rouge, mais en même temps sur le terrain, les délégués syndicaux sont débordés par cette course à l'échalote », constate Martin Richer, directeur général de la branche Sécafi du cabinet de conseil en restructuration Alpha.Mais nul, dans les grandes centrales, ne condamne ce revirement. « Lorsque vous êtes syndicaliste sur le terrain, vous vous retrouvez parfois dans une situation difficile. Vous ne pouvez pas vous déconnecter de votre base, même si vous souhaitez privilégier le maintien dans l'emploi », note Gabrielle Simon, en charge des questions d'emploi à la CFTC. D'autant que les arguments avancés par les salariés pour justifier leurs revendications sont difficiles à démontrer. « faire payer le patron »« Lorsqu'il y a beaucoup de restructurations en même temps dans un bassin d'emploi, la désespérance augmente très vite. Et l'incapacité du patronat à réguler la rémunération des patrons pousse aussi les salariés à réclamer des primes », reprend Martin Richer. Enfin, la course aux euros a une forte dimension émotionnelle. « Face à ce qu'ils ressentent comme une tromperie, la prime apparaît aux salariés comme quelque chose de palpable qui va les consoler », reprend Gabrielle Simon. Un sentiment de « faire payer le patron » contre lequel les discours rationnels des confédérations ne peuvent rien? A. L.
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