En Espagne, l'heure de la reprise n'a pas encore sonné

ConjonctureAlors que la France, l'Allemagne et le Japon, l'une après l'autre, échappent ? en termes techniques tout au moins ? à la récession et connaissent même une légère reprise, l'Espagne peine à s'en dépêtrer. Selon les prévisions initiales, les chiffres de croissance au deuxième trimestre, qui seront rendus publics le jeudi 27, refléteront un recul du PIB de 4,1 % en glissement annuel et de 1 % (le quatrième consécutif) en glissement trimestriel. Si le premier pourcentage est meilleur que la moyenne communautaire (essentiellement parce que la récession s'est accentuée en Espagne après la plupart des autres pays de la zone), le second, par contre, est nettement plus difficile. Et les prévisions les plus optimistes ne tablent pas sur une reprise avant le deuxième trimestre de 2010. Les derniers indicateurs rendus publics à Madrid reflètent certes une facette positive : si la détérioration économique se poursuit, c'est désormais à un moindre rythme. Dernier en date, le chiffre des crédits douteux et impayés qui, après avoir grimpé régulièrement durant deux ans, s'est pour la première fois stabilisé en juin, atteignant 4,59 % du total du volume de crédit, contre 4,65 % en mai. Tous les autres indicateurs vont dans le même sens : de l'activité du secteur des services au volume des effets de commerce impayés, des transactions de biens immobiliers à la demande d'électricité, ils indiquent qu'après un premier trimestre épouvantable, l'économie espagnole recule toujours, mais ne plonge plus.Une crise structurelleMais de là à y voir le premier pas vers la reprise, il y a de la marge. D'autant que va commencer maintenant à s'estomper l'effet des mesures anticycliques adoptées par le gouvernement (selon la Commission, l'Espagne est le pays qui a consacré aux mesures de relance le plus fort pourcentage de son PIB?: 2,3 %). L'économie hispanique se retrouve ainsi face à une crise qui n'est pas seulement conjoncturelle, mais aussi structurelle, celle d'un modèle excessivement basé sur des secteurs de faible valeur ajoutée, comme la construction et le tourisme de masse, et lesté par sa faible productivité. Dans ces conditions, pour compenser l'atonie de la consommation intérieure, liée tant à l'endettement des ménages qu'à un taux de chômage qui atteint 17,9 % de la population active, l'Espagne ne peut, contrairement à l'Allemagne ou au Japon, tabler sur une reprise par les exportations. Elle subit d'ailleurs un grave handicap sur le plan de la compétitivité internationale, à cause, précisément, du modèle de développement pour lequel elle a opté. Si son traditionnel déficit commercial, l'un des plus lourds du monde industrialisé, a commencé à régresser (il s'est réduit de 53 % au premier semestre, a-t-on appris la semaine dernière), ce n'est pas grâce à un meilleur comportement de ses exportations, mais suite à la forte réduction des importations liée à la contraction de sa demande intérieure. Dans un tel marasme, les tentatives pour réorienter progressivement le modèle de développement, annoncées bruyamment par le gouvernement, ne peuvent apporter un secours qu'à moyen terme.
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