L'économie russe en chute libre

ConjonctureLes chiffres sont sans appel. Sur les six premiers mois de cette année, l'économie russe s'est contractée de 11 %, tandis que la Chine s'enorgueillissait dans le même temps d'une croissance encore très solide (7,1 %). L'Inde et le Brésil, qui n'ont publié leurs statistiques que sur le 1er trimestre 2009, ont connu une évolution de respectivement 5,8 % et ? 1,8 % (en glissement annuel). « Les résultats russes sont effrayants comparés à ceux des autres pays de ce qu'on appelle « Bric » (Brésil, Russie, Inde, Chine). Aujourd'hui, la Russie apparaît comme le vilain petit canard du groupe », estime Chris Weafer, stratège de la banque d'investissement russe UralSib. Personne au gouvernement ne s'attendait à un tel plongeon après trois années de croissance à un rythme moyen de 8 %.« verticale du pouvoir »C'est que, contrairement aux autres pays de l'ensemble Bric, l'économie russe est peu diversifiée, et reste largement dominée par les exportations de matières premières, énergie en tête, suivies par les métaux et autres ressources minérales. Le tout étant le résultat de la politique menée par Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000. Concentrant l'essentiel de ses efforts dans la construction d'une « verticale du pouvoir », il a en effet progressivement repris le contrôle des groupes énergétiques, Gazprom en particulier, aux dépens des groupes étrangers, et surtout, des oligarques locaux. Avec un autre objectif, extérieur cette fois : celui de faire de la Russie une « superpuissance de l'énergie ». Objectif atteint, puisque le pays est devenu le 1er exportateur mondial de gaz et d'énergie. La forte hausse du prix des matières premières, de 2000 jusqu'au printemps 2008, lui a d'ailleurs permis de redresser les finances de l'État et offert un poids inédit dans l'arène internationale.Le problème, c'est qu'en dépit des promesses répétées du Kremlin, les investissements dans les infrastructures, la haute technologie et l'industrie ne se sont pas matérialisés. L'industrie manufacturière ne s'est jamais remise de l'effondrement de l'économie soviétique et le retard accumulé lors des vingt dernières années constitue désormais un casse-tête pour le Kremlin.Pis, la récession de cette année a réduit à néant l'aisance financière du pays. Faute de pétrodollars, le déficit budgétaire, sur 2008 et 2009, s'est envolé. Et les fonds de réserve accumulés pour les mauvais jours sont à sec? Au point que Moscou sera à nouveau contraint d'emprunter à l'étranger l'année prochaine (41 milliards d'euros prévus, sur trois ans). Quant à la dette des entreprises russes, elle atteindrait déjà les 280 milliards d'euros. De quoi inquiéter les créditeurs. Car les perspectives de reprise ne sont pas claires dans l'immédiat. Les ménages russes ont brutalement réduit leur consommation (alors qu'elle est restée soutenue dans les autres pays de l'ensemble Bric). Et l'industrie a arrêté de produire.un « message »Pour masquer ces déboires, Moscou compense sur le terrain militaire. La victoire contre la Géorgie l'été dernier a envoyé un message aux Russes comme à l'international. La Russie entend atteindre ses objectifs coûte que coûte (et la guerre est une activité dispendieuse) : il s'agit de tenir tête aux États-Unis, à l'Europe, au monde entier? S'accrochant au concept de Bric, la Russie a organisé un 1er sommet des quatre pays en juillet. Au final, le sommet n'a accouché d'aucune mesure concrète. Et a davantage compromis l'appartenance de la Russie au groupe qu'autre chose? n
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