Malgré ses pertes, Credit Suisse comble son handicap sur UBS

Credit Suisse et sa grande rivale UBS sont à la croisée des chemins. Depuis un an, les destins des deux banques, auparavant étroitement liés, s'éloignent de plus en plus. UBS a enregistré 48,6 milliards de dollars de dépréciations depuis le début de la crise. Credit Suisse, pour sa part, les a limités à 12,4 milliards de francs suisses. Au troisième trimestre, UBS est redevenue rentable après quatre trimestres dans le rouge. De son côté, Credit Suisse a perdu 1,3 milliard de francs suisses (845 millions d'euros), sa deuxième perte depuis le début de l'année.Mais le troisième trimestre n'illustre pas la réalité du rapport de force. L'évolution de leur cours de Bourse respectif montre bien que, au regard de la confiance que le marché prête à chacune des deux banques, l'écart se creuse. En un an, l'action UBS a chuté de plus de 70 % contre 40 % pour Credit Suisse. La semaine dernière, UBS a été contrainte d'accepter l'aide de l'État suisse pour la renflouer. Credit Suisse s'est quant à elle payé le luxe de lever 10 milliards de francs auprès de fonds souverains, pourtant échaudés par leurs investissements dans les banques américaines en début d'année. Le marché a applaudi puisque, le lendemain de ces mesures, la capitalisation boursière de Credit Suisse a pour la première fois dépassé celle d'UBS à 55 milliards de francs suisses contre 53 pour sa rivale. Dans les faits, les différences sont aussi très marquées. UBS est entrée dans une sérieuse phase de restructuration de sa banque d'investissement depuis le mois d'avril. Elle a supprimé plusieurs milliers d'emplois, fermé bon nombre d'activités de marché, et doit désormais assurer seule son développement sans compter sur les fonds propres de la riche branche de gestion de fortune.PROFITER DES DIFFICULTES DE SES CONCURRENTSEn revanche, Credit Suisse n'a pas baissé les bras, bien au contraire. Si elle a aussi entrepris une réduction de son exposition aux risques, elle a décidé de diversifier les revenus de sa banque d'investissement. L'activité de prime brokerage (services dédiés aux hedge funds) a enregistré une augmentation de ses actifs de 44 % depuis le début de l'année et de 117 milliards de francs suisses. Le directeur financier Paul Callelo a déclaré que ce métier avait enregistré un afflux de capitaux " extraordinaire " au mois de septembre, en pleine tourmente financière, preuve de la confiance des investisseurs. Le patron de Credit Suisse, Brady Dougan, n'a pas caché sa volonté de gagner d'importantes parts de marché en banque d'investissement en profitant des difficultés de ses concurrents, notamment d'UBS.Mais le terrain gagné par Credit Suisse s'illustre aussi dans la gestion de fortune, où UBS est reine depuis toujours. Au troisième trimestre, UBS a subi des sorties de capitaux de 49,3 milliards de francs suisses. La théorie des vases communicants a joué puisque, sur la même période, Credit Suisse a enregistré un apport d'argent frais de 14 milliards de francs suisses. Pour faire face à ces nouvelles affaires, la banque a embauché 110 nouveaux conseillers patrimoniaux. " Il s'agit du meilleur moment depuis des décennies pour recruter ", a déclaré Brady Dougan, soulignant que Credit Suisse continuerait à embaucher.
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