Les emprunts d'état testent chaque jour de nouveaux planchers

Les fins d'année sont souvent propices aux records. C'est particulièrement vrai en ce moment. Après une année éprouvante, les opérateurs de marché n'ont eu qu'une envie?: clore le chapitre 2008. Sur l'ensemble des marchés, l'activité s'est ainsi réduite beaucoup plus tôt que d'habitude.Sur les emprunts d'État, le nombre limité de transactions a en particulier permis aux taux de référence du marché obligataire européen, les taux d'intérêt allemands, de battre des records de faiblesse.Le rendement du Bund à 10 ans était déjà passé brièvement sous le seuil des 3 % début décembre, mais cette semaine il l'a littéralement enfoncé. Un premier plancher historique a été touché lundi à 2,93 %. Le mouvement s'est prolongé hier. Dans la matinée, le taux allemand à 10 ans est momentanément passé sous 2,92 % (à 2,9190 %, selon Bloomberg). Pour certains, il s'agit d'un simple rattrapage. Le taux américain à 10 ans a plongé la semaine dernière, à 2,04 % au plus bas, retrouvant un niveau qui n'avait plus été vu depuis le tout début des années cinquante.L'histoire est similaire sur la partie « courte » de la courbe. Le rendement du Schatz allemand à deux ans est en chute libre depuis que la banque centrale américaine a décidé de ramener la cible des fonds fédéraux dans une fourchette de 0 à 0,25 %. Et pour cause. Maintenant, les marchés intègrent massivement une baisse du repo de la BCE sous le seuil psychologique de 2 % au premier trimestre ? et même marginalement sous 1,50 % d'ici à la fin du mois de juin. Hier, le taux d'intérêt allemand à 2 ans est tombé à 1,73 %.déferlante de papierAvec la dégradation des conditions économiques, l'appétit du marché pour la dette souveraine ne se dément pas. Cela fait trois semaines que les titres à très court terme (quelques semaines) du Trésor américain se placent à 0 %. Hier, ce dernier a en outre adjugé un volume colossal (38 milliards de dollars) de T-notes à 2 ans dans de bonnes conditions. La participation de ceux que l'on désigne sous le terme d'« indirects bidders » a dépassé les 30 %. Autrement dit, contrairement à ce que l'on entend parfois, les banques centrales ne boudent absolument pas la dette du Trésor américain. Hier soir, une autre adjudication de dette, 28 milliards de dollars à 5 ans cette fois, était attendue? sans que cette déferlante de papier ne provoque d'inquiétude particulière.« La principale question est de savoir si l'afflux d'offre de dette souveraine pourrait entraîner une correction brutale sur les marchés obligataires », estime Nordine Naam, stratégiste taux chez Natixis. Certains mettent déjà en garde contre l'éclatement d'une nouvelle bulle. Pour les analystes de Morgan Stanley, les taux swap américains à 10 ans sont dans la même situation que le Nasdaq du début 2000. « À 4.000 points, il est encore monté à 5.000 puis la bulle a éclaté. Le marché obligataire américain est au bord du même type de précipice », préviennent-ils.
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