Balise

Il est des films précédés de rumeurs ou d'esclandres démesurés. Jusqu'à les submerger. Tel « Australia », la nouvelle superproduction de Baz Luhrmann dont on ne sait plus très bien si elle a été conçue pour sauver le tourisme australien ou la carrière de Nicole Kidman, censée être en perte de vitesse depuis son oscar pour « The Hours » en 2003. Ajoutez à cela la présence du magnat de la presse Rupert Murdoch, patron de la Fox, producteur du projet, et vous avez un scénario qui n'est pas loin d'évoquer la légende de David O. Selznick au temps de sa splendeur, affrontant les turbulences vertigineuses d'« Autant en emporte le vent ». Reprenons. « Australia » porte bien son nom, puisque réalisateur, comédiens et producteur en sont originaires. La superproduction a beau voir le jour à Hollywood, elle a pour décor le passé récent du pays des Aborigènes pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Le budget est énorme pour ce film d'aventures?: plus de 100 millions d'euros. Le tournage a duré six mois.hommage aux westernsAu-delà de ces données objectives, que voyons-nous à l'écran?? L'histoire d'une aristocrate anglaise débarquée en 1939 dans le ranch australien de son mari qui vient d'être abattu. Découvrant que la vente du bétail est entièrement manipulée au profit d'un trafiquant, elle décide de se battre au lieu de vendre le domaine. Et elle s'appuie sur un fougueux et jeune contremaître (joué par Hugh Jackman), séduit par le courage de sa nouvelle patronne.« Australia » déroule un flot d'images superbes pour un récit qui rappelle la lutte téméraire de Meryl Streep dans « Out of Africa », de Sidney Pollack. Toute la première moitié du film, qui raconte l'arrivée de Lady Ashley et les convois de bétail, est traitée comme un hommage aux grands westerns américains signés Hawks ou Ford. Luhrmann met en valeur la beauté de son actrice, cavalière émérite, et la dépeint comme supérieure aux hommes qui l'entourent. Il nous fait partager la naissance d'une idylle dans un couple en butte aux traquenards d'un environnement hostile. Lyrique et romantique, il s'attarde sur un feu de camp et abandonne les mouvements de caméra sophistiqués qui ponctuaient en permanence « Moulin rouge » pour une narration plus fluide, en osmose avec son sujet.un film plein de souffleJonglant avec les genres, passant du western au film de guerre sans oublier la référence au « Magicien d'Oz », le cinéaste rate un peu sa sortie, accumulant cinq ou six fins possibles, quand une seule aurait suffi. C'est sans doute là que le poids de la production et des enjeux vient gâcher une entreprise qui ne manque pas de souffle et ne mérite pas un tel lynchage. Nicole Kidman reste une comédienne exigeante, dont l'aura a déclenché en partie ce tapage. Gageons qu'elle survivra à cette épreuve et que ce film ne sera pas son tombeau. n
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