Pendant longtemps, l'activité

Pendant longtemps, l'activité du libraire s'est confondue avec celle de l'éditeur : publier et vendre des livres était un seul métier. Le libraire achetait un manuscrit, le faisait imprimer, et le vendait dans sa boutique, à condition de bénéficier du « privilège » du roi ? l'autorisation de publier. La Révolution mit un terme à ce système, mais la censure et la répression ne disparurent pas pour autant. En 1810, Napoléon instaura par décret un système de brevets visant à contrôler l'établissement des imprimeurs et, dans une moindre mesure, des libraires. Ce fut le début de la séparation entre ces deux métiers même si, à l'époque, « les contours de la librairie sont toujours flous » : de nombreux libraires demeurent éditeurs et/ou imprimeurs ; d'autres font commerce de papeterie, de mercerie ou d'épicerie, quand ce ne sont pas les épiceries qui vendent des livres ! S'ajoutent les colporteurs, les bouquinistes, sans oublier les nouveaux réseaux de diffusion : cabinets de lecture, bibliothèques de gare et grands magasins.Romans populairesAvec l'essor de la révolution industrielle, la librairie se développe. On dénombre en France plus de 2.500 points de vente brevetés en 1851, contre quelques centaines au début du siècle. La censure est plus tolérante et les rayons font de la place aux romans populaires, aux côtés des bibles et des almanachs. En 1870, la Troisième République abolit le système des brevets et promulgue la loi du 29 juillet 1881, qui affirme l'absolue liberté de l'imprimerie, de la librairie et de la presse. On peut désormais s'établir libraire « comme on aurait vendu de la porcelaine ou des produits alimentaires », selon l'expression d'Henri Baillière, rapportée par Pascal Fouché dans son introduction.Au XXe siècle, la librairie évolue avec la société française. Elle peine à se remettre, à la Libération, des destructions et de l'inflation. Puis, elle connaît ses Trente Glorieuses : l'amélioration des conditions de vie, l'augmentation du niveau d'éducation, la consommation de masse, contribuent à son développement. Elle se modernise, se diversifie, se spécialise, se politise aussi. En 1974, le choc pétrolier plonge la France dans la récession. La librairie est aussi victime, la même année, d'un autre séisme économique : l'ouverture de la Fnac Montparnasse, qui baisse le prix des livres de 20 % ! Il faudra sept ans de lobbying, notamment de la part de Jérôme Lindon, le fondateur des Éditions de Minuit, pour que la loi sur le prix unique du livre soit adoptée, sauvant probablement les petites et moyennes librairies de la disparition, à l'image des disquaires indépendants. Aujourd'hui, la librairie doit affronter une nouvelle crise. Si elle a su résister à la concurrence des grandes surfaces, comment se défendra-t-elle face à l'arrivée programmée du livre numérique ? Un chapitre de l'« Histoire de la librairie française » qui reste à écrire? Aimé Ancian« Histoire de la librairie française », sous la direction de Patricia Sorel et Frédérique Leblanc, éd. du Cercle de la librairie, 159 euros.Pas moins de sept cents pages ont été nécessaires pour retracer l'« Histoire de la librairie française », parue récemment aux éditions du Cercle de la librairie, sous la direction de Patricia Sorel et Frédérique Leblanc. L'ouvrage regroupe des articles abordant le sujet dans toute sa richesse et sa diversité.Itinéraire d'un commerce pas tout à fait comme les autre
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