L'Espagne dépasse le cap des 4 millions de chômeurs

Thierry Maliniak à MadridQuelle que soit l'ampleur de la crise, le chômage n'atteindra jamais le cap des 4 millions de personnes, assurait récemment encore l'ex-ministre de l'Économie, Pedro Solbes. Son successeur fraîchement nommée, Elena Salgado, a dû consacrer sa première apparition publique à constater que ce seuil était pourtant bel et bien déjà dépassé, et ce pour la première fois dans l'histoire de l'Espagne. C'est là un résultat « pire que ce qu'on attendait », a-t-elle stoïquement reconnu en assurant toutefois ? une promesse désormais rituelle ? que le redressement était imminent grâce aux mesures de relance du gouvernement, notamment son plan d'investissement municipal d'un montant de 8 milliards d'euros.triste recordReste qu'il est difficile d'entrapercevoir le moindre signe encourageant dans les chiffres rendus publics hier par l'Institut national de statistiques et relatifs au premier trimestre de 2008. En trois mois, l'Espagne a vu le nombre de ses travailleurs sans emploi augmenter de 802.800 (8.726 par jour !), atteignant un total de 4.010.700 personnes, et son taux de chômage passer de 13,9 % à 17,4 % de la population active (il est même de 28,4 % pour les étrangers), un record dans la zone euro. Et elle ne peut plus désormais arguer, pour expliquer ce cataclysme, de l'augmentation de la population active, qui n'est intervenue durant ce trimestre qu'à hauteur de 4,5 % dans l'augmentation totale du nombre de chômeurs. Le problème de fond est bien, purement et simplement, la forte destruction d'emplois : 766.000 en termes nets en trois mois, et 1,31 million en un an, son rythme continuant par ailleurs à s'accélérer trimestre après trimestre.Plus aucun secteur, désormais, n'échappe à cette saignée. Après avoir pris naissance dans un secteur de la construction hypertrophié (qui a vu le nombre de ses chômeurs se multiplier par 2,5 en un an), la crise de l'emploi s'est dans un deuxième temps étendue au secteur secondaire et a maintenant gagné également le tertiaire. Et tous sont atteints, désormais, à parts relativement égales : au premier trimestre, le nombre de chômeurs a augmenté de 27,2 % dans la construction, de 29,5 % dans l'industrie et de 26,1 % dans les services. En outre, dans plus d'un million de foyers, tous les membres de la famille sont maintenant sans emploi. Et, dans un tel contexte, au-delà des invocations, désormais rituelles elles aussi, à l'indispensable amélioration de la productivité, peu nombreux sont aujourd'hui à Madrid ceux qui s'aventurent à invoquer de nouvelles pistes concrètes de relais de croissance pour le marché de l'emploi ! n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.