Le rôle de superviseur de la Fed décrié à Washington

La vaste réforme financière à laquelle entend procéder Barack Obama provoque d'âpres débats et promet de rudes batailles à Washington. La Maison-Blanche espère que le Congrès adoptera avant la fin de l'année la plus importante refonte de la surveillance des marchés et des banques depuis la Grande Dépression. Mais le rôle central de « régulateur du risque systémique » que l'administration entend confier à la Réserve fédérale est contesté jusque dans la majorité démocrate. Le président de la banque centrale, Ben Bernanke, tente pour sa part de s'accrocher à ses prérogatives en matière de protection des consommateurs dont le gouvernement compte pourtant le priver. S'exprimant hier au Capitole, Ben Bernanke a assuré que le rôle de régulateur du risque systémique constituerait une « extension naturelle » des pouvoirs actuels de la Fed. Le banquier central a défendu une approche « prenant en compte la sûreté et la solidité du système financier dans son ensemble, ainsi que d'institutions », dont la faillite est susceptible d'entraîner une crise généralisée. Un nombre croissant de parlementaires dénonce pourtant l'attitude de la Fed qui n'a pas prévenu la crise actuelle. Le président de la Commission bancaire du Sénat, le démocrate Christopher Dodd, partage ainsi « les préoccupations de ses collègues ». « La Fed n'a pas fait un travail parfait, c'est le moins que l'on puisse dire, avec les responsabilités qu'elle a déjà ! » juge le parlementaire.propositions tardives Comme d'autres élus et des responsables d'agences fédérales, Dodd préférerait que la supervision du risque systémique soit confiée au collège des régulateurs que veut créer l'administration, alors que le Trésor penche en faveur de la Fed. « Le fait de réunir les compétences multiples [de différents régulateurs, Ndlr] renforcerait une telle entité au lieu de l'affaiblir », défend pour sa part Sheila Bair, la présidente de la FDIC, l'agence de garantie des dépôts bancaires, soutenue par Mary Schapiro, la présidente du gendarme boursier (SEC).S'ils s'accordent au sujet du « risque systémique », le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, et Ben Bernanke sont en revanche très divisés sur la question de la protection des clients des banques. Hier, au Capitole, Geithner a défendu la création d'une agence fédérale de protection des consommateurs tandis que Bernanke, s'y est fermement opposé. Cette semaine, la Fed a fait plusieurs propositions visant à protéger les particuliers, notamment en matière de crédits hypothécaires, mais elles ont été jugées tardives par les parlementaires. De son côté, l'administration Obama a soumis au Congrès des projets de loi en matière de supervision bancaire, dont la fusion du Bureau de surveillance de l'épargne (OTS) et du Bureau du contrôleur de la monnaie (OCC). Elle projette d'en présenter d'autres la semaine prochaine, relatifs notamment aux marchés dérivés. Les divisions entre régulateurs et élus risquent de retarder la réforme globale des marchés que défend la Maison-Blanche mais aussi de fragiliser davantage Ben Bernanke dont le premier mandat prend fin en janvier.
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