Les SSII indiennes fragilisées par leur exposition au marché américain

Le scandale comptable et financier Satyam ne semble pas avoir de conséquences pour les autres sociétés de services informatiques indiennes. À première vue, les comptes trimestriels publiés par les trois principaux acteurs, Tata Consulting Services (TCS), Wipro et Infosys, sont corrects. Les chiffres d'affaires du dernier trimestre 2008 (leur exercice s'achève fin mars) sont en fortes progressions, de 23 % à 35 %, tandis que les bénéfices nets vont d'une hausse symbolique (+ 1,6%) pour TCS à très forte (+ 33%) pour Infosys, qui confirme son statut de star du secteur.La réalité est pourtant moins rose. En premier lieu, les croissances affichées en roupies résultent très largement de la chute récente de la devise indienne face au dollar, qui a mécaniquement fait croître les performances. Ces sociétés indiennes facturent en effet majoritairement en devise américaine leurs clients internationaux. Ensuite, les trois entreprises se sont montrées très prudentes pour leurs perspectives. Wipro estime que son chiffre d'affaires en dollars va diminuer de 7 % ce trimestre par rapport au précédent. Et Infosys a réduit sa prévision de croissance pour les trois premiers mois de 2009 à une fourchette de 11,8 %-12,8 % en dollars, contre 13,1 %-15,2 % précédemment.Scandale SatyamLes SSII indiennes, qui ont fait leur fortune en fournissant aux entreprises occidentales des prestations informatiques à faible coût, souffrent aujourd'hui de leur exposition au marché américain. Ce dernier représente entre 57 % (TCS) et 64,5 % (Infosys) de leur chiffre d'affaires. La crise américaine les touche de plein fouet. De plus les clients sont encore plus durs sur les prix.Facteur aggravant, le secteur bancaire et financier, en pleine déconfiture, constitue le premier client des informaticiens indiens. Il fournit un gros quart du chiffre d'affaires de Wipro et Infosys, et 42 % de celui de TCS. Paradoxalement, le scandale Satyam pourrait offrir aux trois grands du secteur une bouffée d'oxygène. Certains clients de la SSII en crise réfléchissent à changer de prestataire. Cela pourrait arriver, notamment pour les clients qui travaillent déjà avec plusieurs sociétés de services. TCS, par exemple, a en commun avec Satyam des clients comme Citi, General Motors et General Electric. Pour l'heure, il n'y a pas encore eu d'annonce de tels transferts, mais les analystes du secteur ne doutent pas que cela va se produire. Patric de Jacquelot à New Delhi
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