« Chucho », un conte moderne

« Grégoire Polet a 29 ans et vit à Barcelone. ?Chucho? est son quatrième roman », indique la quatrième de couverture. Difficile de faire plus sobre : Grégoire Polet n'a pas été récompensé par le prix Truc. Il n'a pas été traduit dans 43 langues. Son livre n'est pas en cours d'adaptation au cinéma avec Machin dans le rôle principal. Grégoire Polet n'anime même pas une émission de radio ou une chronique littéraire à la télé, c'est dire? Un auteur pas très médiatique, un titre pas très accrocheur, des premières pages pas très passionnantes : il n'est pas étonnant que « Chucho » soit passé inaperçu. D'autant que ce roman n'entre dans aucune des catégories usuelles, comme la chronique des petits travers de la société contemporaine, ou bien encore un récit postmoderne plein d'ironie et de références savantes. « Chucho » serait-il l'un de ces fameux objets littéraires non identifiés (olni) dont la presse raffole ? Non plus, heureusement.fable socialeDe fait, « Chucho » appartient bien à un genre : celui de la fable sociale. Le titre reprend le nom d'un gamin des rues de Barcelone. Orphelin, il fait le rabatteur pour un mac du coin. Il rencontre un touriste allemand, Hans, qui se prend d'affection pour lui. Chucho lui demande de l'emmener à New York, la ville qui cristallise tous ses rêves d'amour et de liberté. ça finira mal. C'est un roman simple, modeste, mais bien plus précieux que beaucoup d'autres livres plus ambitieux. Car Chucho est le personnage le plus authentique, le plus touchant croisé depuis longtemps. Il n'est pourtant pas facile de faire parler les enfants. Grégoire Polet y arrive à merveille. Même les autres personnages, qui pourraient être caricaturaux, comme le mac, sont réussis. « Chucho » est une histoire si universelle et émouvante qu'elle pourrait faire l'objet d'une adaptation au cinéma? Mais il faudrait un réalisateur avec beaucoup de talent pour préserver la finesse du récit et ne pas le transformer en conte grossier, en guimauve. A. A. « Chucho », de Grégoire Polet, éditions Gallimard, 122 pages, 14 euros.
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